La Revue Scoute, une tradition alsacienne

16 novembre 2022 à 8h30 - Modifié : 16 novembre 2022 à 13h52 par Sebastien Ruffet

Revue Scoute 2023
L'affiche de la nouvelle Revue Scoute a été dévoilée ce mardi 15 novembre
Crédit : @Top Music - SR

Après Noël, Nouvel An, la Revue Scoute vient s'intégrer dans un calendrier bien réglé. Le 13 janvier, place à "L'eau, régime du monde", le nouveau spectacle d'une troupe qui a su évoluer au fil des années pour garder un temps d'avance.

Ils aiment les jeux de mot et si c'est un peu alambiqué, c'est pas plus mal. Cette année, on va chercher le parallèle écologique, avec l'eau, source de vie, et le tableau de Gustave Courbet, "L'Origine du Monde". A partir du 13 janvier prochain, les presque 45000 spectateurs attendus sur l'ensemble des représentations, découvriront un spectacle toujours aussi caustique, piquant, et éminemment drôle. Sans trop en dévoiler, la troupe, rassemblée au Cheval Blanc de Schiltigheim pour l'occasion, a laissé fuiter quelques thèmes qui seront abordés : la population mondiale, l'inflation, l'isolation à 1€, la ZFE ou encore le départ de Heineken...

Autour d'un petit verre et de quelques knacks, rencontre avec trois personnages : le metteur en scène, Daniel Chambet Ithier, l'inoxydable Patricia Weller, et le petit nouveau Alexandre Sigrist, aux multiples talents.

Daniel Chambet-Ithier

"Au niveau de la création, on en est à peu près à un tiers du spectacle qui est construit. On n'est pas en retard. On attend les dernières actualités, parce que c'est un spectacle quand même très lié à l'actualité. Fin décembre, on sera à 95% du spectacle pour se garder la possibilité d'intégrer un sketch au dernier moment.

C'est toujours compliqué pour les nouveaux : imagine un nouvel attaquant qui arrive au Racing, il faut le temps de s'intégrer, bah là c'est pareil, il faut faire ses preuves, il faut se faire reconnaître au niveau humain et après ça s'installe très vite. On recrute sur l'idée que c'est toujours bon d'avoir chaque année un ou deux nouveaux, parce que ça nous oblige à nous regarder différemment. Quand on est dix ans de suite tous les mêmes, il y a une sclérose qui s'installe et il n'y a plus le peps qu'il peut y avoir. C'est ça qui nous aide à créer. Ils font évoluer l'humour, ça se fait par petites touches successives. Un garçon comme Alexandre Sigrist a un passé d'opérette qu'il faut qu'on exploite pour apporter quelque chose d'étonnant, de différent. Au bout d'un certain nombre d'années, on sait à peu près ce qu'il faut faire, mais en même temps, c'est tous les ans une prise de risque, et on peut aussi se casser la gueule. On essaye donc d'apporter des niveaux de surprises, en termes de comédiens, de thèmes, de musique... Il faut emmener dans une autre balade les gens et pour l'instant on y arrive, je touche du bois ! Faut pas qu'on ait peur d'aborder des sujets difficiles. Après deux années de pandémie, les gens ont envie de respirer, de sortir, de revivre. Cette envie, il faut la saisir au bond."

Patricia Weller

"Cela fait plus de 30 ans que j'ai pas passé un hiver sans être ponctuée par ce spectacle. C'est une saison pour moi. Je ne peux pas imaginer que ça n'existe pas. Contrairement à ce qui a été raconté, on n'est pas des sales cons ! C'est toujours bon pour nous d'avoir des jeunes : leur humour n'est pas le même, leur approche de l'Alsace n'est pas la même et ils ont des univers qu'on ne connaît pas. J'entendais ce matin un qui parlait de l'impro et qui disait 'on raconte des vannes'. Je me suis dit tiens moi ça ne m'aurait jamais intéressé de raconter des vannes, moi c'est plus des personnages qui racontent des bouts de vie, mais ça nous fait du bien parce qu'entre vieux, on serait comme à l'EHPAD, à se mettre toujours à la même table ! On assume ce mélange, de ne plus être que dans l'humour alsacien.

Le thème sur le climat, on va forcément l'aborder. Après il y a des thèmes difficiles : la guerre en Ukraine, comment tu peux faire ? Il peut y avoir des allusions, mais il y a des sujets difficiles, et de plus en plus. Au début, on était dans une forme d'insouciance, et cette insouciance me manque. Il n'y a pas un matin où tu te prends pas une info négative dans la gueule. Certains matins, au bout d'une heure, j'ai l'impression que mon sac à dos est rempli de mauvaises choses, alors si on peut apporter des sourires... C'est mon premier salaire."

Alexandre Sigrist

"C'est un incontournable. J'ai commencé avec la Budig, et on allait voir les collègues chaque année, et les Scouts c'était un rêve de gamin : il y a des musiciens qui jouent en live, des gens qui font des chorégraphies, un spectacle très enlevé sur des thèmes d'actualité... Être comédien, chanteur, c'était un rêve, un fantasme, quelque chose qui n'existait pas. Il faut intégrer une famille qui a ses habitudes. J'essaye de me frayer un chemin, j'ai des idées d'écriture et de chansons. J'y vais avec des oreilles et des yeux grands ouverts, jusqu'au moment où je vais oser proposer des textes."


Une page qui se tourne ?

On ne sait pas encore si c'est définitif ou une simple "pause" comme il l'a évoqué, mais la légende Denis Germain sera un "simple" auteur cette année pour la Revue Scoute. On ne verra pas le très vieil ami du très vieux Schilick sur scène lors de cette édition, lui qui avait pourtant tenu sa place en partie l'an dernier malgré une fracture du fémur. Le metteur en scène Daniel Chambet-Ithier a d'ailleurs rappelé cet épisode, estimant qu'il avait dû "être très douloureux à plus d'un titre" pour son comédien, tout en rappelant qu'un "comédien, ça se remplace, mais pas un bon auteur, et on est heureux qu'il reste à l'écriture tout de même". 

En revanche, sa complice de toujours Patricia Weller l'a en travers de la gorge : "L'arrêt de Denis, je l'ai très mal pris, mais ça c'est les hommes, ils m'ont toujours plantée ! L'année dernière, il a eu un accident, il revient quand même et il me manquait tout le temps, on a une telle complicité... On avait des personnages, Bernadette et Jean-Claude, un peu déglingos... Il se rend pas compte de ce qu'il me fait ! Il va me manquer terriblement." Il reste suffisamment de très bons comédiens sur scène pour faire oublier cette parenthèse.


Un spectacle caritatif

L'an passé, les comédiens avaient tendu le chapeau à l'issue des représentations pour récolter quelques fonds au bénéfice des Restos du Coeur. Rien qu'avec les spectateurs, ce sont très exactement 19 932,11€ qui ont été reversés à l'association (auxquels on ajoute 2 000€ versés par le Rotary Club de Wasselonne-Marlenheim), ce qui a fait dire au metteur en scène de la Revue Scoute, Daniel Chambet Ithier, que "celui qui a mis les 11 centimes l'année dernière pourrait songer à arrondir à l'euro au-dessus cette fois". En 2023, la collecte sera à nouveau organisée, mais l'association bénéficiaire n'a pas encore été dévoilée.


Schilick puis le reste du monde

La Revue Scoute débutera par les classiques représentations à Schiltigheim, à la Briqueterie, du 13 janvier au 19 février. Puis débutera la tournée à travers toute l'Alsace : 

- Théâtre La Scène de Strasbourg / 2 au 26 mars

- La Vigneraie à Wettolsheim / 31 mars au 2 avril

- Espace Rohan de Saverne / 14 au 16 avril

- Les Tanzmatten de Sélestat / 20 au 23 avril

- MAC de Bischwiller / 27 au 29 avril

- Le Dôme de Mutzig / 4 au 7 mai

- Espace Ried Brun de Muntzenheim / 11 au 14 mai

- Le Point d'Eau à Ostwald / 20 et 21 mai

- Le RiveRhin à Village Neuf / 26 et 27 mai

Ouverture de la billetterie le 24 novembre