Aurélien Benoilid & Maud Nisand : écrire un roman en couple

Publié : 14 février 2024 à 7h31 - Modifié : 14 février 2024 à 14h05 par Anne-Sophie Martin

Aurélien Benoilid & Maud Nisand, les auteurs de "Ce qui fait briller les étoiles" (Flammarion)
Aurélien Benoilid & Maud Nisand, les auteurs de "Ce qui fait briller les étoiles" (Flammarion)
Crédit : @Top Music

Une belle preuve d’amour : les Strasbourgeois Aurélien Benoilid et Maud Nisand écrivent en couple et publient leur premier roman le jour de la Saint-Valentin, ce 14 février 2024 : “Ce qui fait briller les étoiles” aux éditions Flammarion. Un beau roman sous forme de saga familiale qui débute en 1942 avec en toile de fond la passion de la danse et l'Opéra de Paris.

Ecoutez l'interview d’Aurélien Benoilid et de Maud Nisand au micro d’Anne-Sophie Martin

Vous pourrez rencontrer les auteurs du roman Ce qui fait briller les étoiles publié aux éditions Flammarion, ce mercredi 14 février 2024 à 17h à la librairie Kléber à Strasbourg : Aurélien Benoilid qui est également neurologue, président du Forum européen de bioéthique et Maud Nisand, avocate. Ils reviennent sur leur complicité dans l’exercice en duo de l’écriture romanesque : ”tout se crée en marchant, en courant, en discutant, on imagine ainsi ensemble les scènes du livre”, explique Maud Nisand. Le fait d'être en mouvement, ça libère l'esprit du corps et ça permet vraiment de s'envoler beaucoup plus loin.”, ajoute Aurélien Benoilid.

A travers l’intrigue du roman qui se déroule à l’Opéra Garnier, Maud nous fait partager sa passion pour la danse. Nous sommes bercés par les ballets, on a envie d’écouter ou réécouter les airs du Sacre du printemps de Stravinsky ou du Lac des Cygnes de Tchaïkovski. On est porté par l’héroïne Anna, la fille d’un célèbre danseur étoile, qui tente de se soustraire au poids du clan familial et de trouver sa place à travers la commémoration du 150ème anniversaire de l’Opéra Garnier. Cette saga familiale est bien rythmée avec de nombreux dialogues et une alternance de scènes entre la Seconde guerre mondiale et la période contemporaineLa phrase “Tout est corps” résonne souvent dans le roman : “c’est l’idée que des choses inconscientes qu’on ignore, peuvent se matérialiser dans le corps et avoir des conséquences positives ou négatives, il faut se connaître et s'écouter avec pour objectif premier de retrouver sa liberté.”, précise Maud Nisand.

Extrait de l’interview croisée d’Aurélien Benoilid et de Maud Nisand.

Aurélien et Maud, vous êtes la démonstration qu'on peut écrire en couple. Comment on écrit à deux un roman quand on est mari et femme ? 

Maud Nisand : C'est un système qui s'est mis en place depuis plusieurs années avec au départ une idée commune et ensuite une technique qui s'est affinée au fur et à mesure : en marchant, en courant, en discutant, on imagine ensemble les scènes du livre.

Aurélien Benoilid : On passe beaucoup de temps à parler, il y a une vraie complicité nécessaire dans un couple. On a vraiment une seule âme quand on écrit et je pense que ça se ressent, je l'espère en tout cas, dans le roman. Il n'y a pas cette idée d'avoir quelqu'un qui écrit une partie, quelqu'un qui a écrit l'autre, c'est vraiment un écrit qui, de bout en bout, se fait à deux.

C'est un écrit collégial ?

Maud : Absolument, dans le fond et la forme : on a beaucoup mûri ensemble  nos personnages. On est très complémentaire dans les réflexions et dans les idées des personnages, des scènes, des décors. L'intégralité du livre est vraiment le fruit de notre collaboration commune.

L'écriture, c'est souvent un exercice personnel, mais vous nous montrez qu’on peut tout à fait écrire à deux, en échangeant, en menant ensemble des recherches… Vous avez mené beaucoup de recherches sur votre décor, l'Opéra de Paris. Pourquoi avoir choisi ce lieu ?

Aurélien : La danse, c'est Maud. Moi, j'y suis venu sur le tard, mais la danse était une mise en abîme de cette dynamique du clan, de cette dynamique des corps qui se sont mis en mouvement. C'est un art que j'ai découvert et que j'adore maintenant. (...)

L'Opéra de Paris, c'est un personnage à part entière dans ce roman ?

Maud : Il y avait la danse au départ, c'était une métaphore qui m'a beaucoup parlé. Mais il y a l'Opéra Garnier, qui est en effet un personnage, c’est le décor du roman, c'est un endroit qui est mythique, qui est magique, qui nous fait rêver. (...)

Aurélien : L'Opéra, c'est un lieu absolument incroyable, tant dans les peintures, les dorures que par les gens qui s'y sont produits. C'est un lieu qui est chargé d'histoire et de mystère. On se souvient tous du fantôme de l'Opéra, c'est un lieu qui est chargé d'émotion ! On a trouvé que c'était finalement assez propice à cette histoire qu'on voulait raconter. Un lieu d'exception qui puisse vous faire rêver en feuilletant les pages.

Oui, c'est un lieu fascinant et il n'y a pas que les danseurs étoiles qui brillent. Dans ce roman, c'est une saga familiale et certains personnages ont leurs moments de gloire. 

Maud : C'est l'histoire surtout d'un personnage qui est un peu éteint au milieu de toutes les étoiles. Anna va chercher sa place. Et c'est l'histoire peut-être, de beaucoup de personnes qui, au sein de leur famille cherchent à trouver leur place, à briller peut-être, mais en tout cas à avoir une place. Ce n’est parfois pas simple, notamment dans les clans d'hommes où beaucoup de places sont déjà prises.

Anna, c'est l'héroïne de votre roman. Il y a beaucoup de personnages. C'est une histoire de famille entre différentes générations, avec des allers-retours entre la seconde guerre mondiale et l’époque contemporaine. (...) Vous évoquez aussi souvent la culture juive, le poids du clan et le passé sombre de certains personnages.

Maud : Dans le passé d'Anna, il y a une histoire qui l'empêche et qu'elle ignore. C'est ça, la clé du roman et des histoires de tout un chacun. C'est essayer de comprendre ce qui nous anime, ce qui nous fait fonctionner. Et notamment dans les familles, ce qu'on appelle la systémique familiale, la manière dont la famille fonctionne, comment les relations existent et interfèrent les unes avec les autres. Ça détermine les possibilités de chacun et Anna, en allant découvrir finalement ce qui s'est passé auparavant et peut être un secret de famille, va pouvoir en effet acquérir sa liberté.

Vous évoquez le dibbouk, c'est quoi dans la culture juive ?

Aurélien : Le dibbouk, dans la culture juive, c'est plein de choses, mais c'est avant tout l'esprit d'un défunt qui s'incarne et qui est rempli de malice. Le dibbouk, c’est aussi l'idée qu'on peut se faire du destin et de la fatalité. Quels sont les rouages et les arcanes secrets qui font bouger les êtres ? Ce sont des éléments de notre passé. Quelque chose qui, dans la généalogie ou la psychogénéalogie, va venir jouer un rôle. 

Vous vous êtes inspirés de votre vécu pour créer ce roman ?

Aurélien : Il y a des points d'inspiration évidemment, je pense que c'est le cas, pour tous les auteurs, mais rapidement, le romanesque, les personnages vont prendre leur autonomie pour acquérir leur singularité et vont prendre le dessus sur les auteurs. Les personnages prennent leur autonomie et finalement, c'est le roman qui s'écrit lui-même.

Maud, vous êtes issue d'une famille bien connue à Strasbourg : un grand-père résistant, médecin, un père médiatique, le professeur Israël Nisand, gynécologue, vous avez aussi un oncle avocat Raphaël Nisand, ancien maire de Schiltigheim. Pour cette saga familiale, vous vous êtes inspirée de votre famille ? 

Maud : Il est certain que, dans la mesure où il a fallu se faire une place, c'est une réflexion que j'ai eu à mener, c'est aussi des portes que j'ai dû pousser et ouvrir, parfois difficilement. Il y a du positif, et puis des choses plus compliquées à être dans une famille comme ça, qui réussit à certains égards.

Aurélien : C'est une histoire qui peut parler à tout le monde, c'est-à-dire qu'on emprunte des éléments de notre réalité. Mais en vrai, il est toujours très difficile d'exister au sein d'une famille, puisqu'on est toujours les enfants de ses parents. Et les parents ont une existence, une histoire, une aura... Et forcément, il faut parfois trouver sa place, sa place au sein du monde.

Maud, la danse, c'est une passion que vous cultivez depuis l'enfance.

Maud : C'est une passion que j'ai depuis toujours.(...) C'est une manière de connecter son corps et son esprit. Au départ, on suit un mouvement et puis ensuite, on réalise une chorégraphie, celle qu'on nous impose, et puis après, avec l'âge on arrive à danser sa vie.

Aurélien : Il y a beaucoup de place dans ma tête pour la danse et dans nos vies à tous les deux, parce qu'on est fan d'opéra, de spectacles, de danse, de toutes sortes de films sur la danse. La danse allie à la fois le mouvement et l'émotion, c'est un outil qui est absolument merveilleux pour pouvoir se sentir mieux !

Retrouvez ici l’intégralité de l’interview. 

 

Retrouvez ici l'interview en intégralité d’Aurélien Benoilid et de Maud Nisand

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