Bellaarouch : "J'ai tout appris avec Matz"

5 avril 2024 à 12h32 - Modifié : 8 avril 2024 à 8h09 par Sébastien RUFFET

Bellaarouche
Alah Bellaarouche a été brutalement propulsé sur le devant de la scène
Crédit : @Top Music - SR

C'est la première fois que le jeune gardien du Racing Club de Strasbourg s'exprime publiquement. Alaa Bellaarouch est revenu sur ce rôle de numéro 1 qui lui est tombé dessus sans prévenir, avec détachement et envie de progresser.

A tout juste 22 ans, Alaa Bellaarouch a hérité du poste de gardien titulaire la veille d'un match de Ligue 1 contre le Paris St-Germain. Dans les dernières heures du mercato hivernal, le 1er février, le taulier du poste Matz Sels prenait la direction de la Premier League et Nottingham Forest, et le staff a alors jugé que le natif de Marrakech était prêt à reprendre le flambeau de l'international belge. Alaa Bellaarouche qui ne tarit pas d'éloges sur son ancien coéquipier : "J'ai tout appris avec Matz. Comment il fonctionne : c'est un gardien de très haut niveau, comment il gère les veilles de match, les débuts de semaine, comment il gère ses matchs... C'était un des meilleurs gardiens de Ligue 1, c'était une chance de travailler avec lui. Eiji Kawashima aussi, ces deux gardiens sont juste magnifiques, j'ai appris beaucoup de choses avec eux."

Un pénalty arrêté et une boulette pour commencer

Pour son baptême du feu, le gardien choyé par Stéphane Cassard a dû faire face au PSG, le 2 février, et son premier ballon a tout simplement été un pénalty arrêté devant Kylian Mbappé. "J'ai aidé l'équipe mais c'est mon rôle... Voilà, c'est un pénalty. Normal. Les pénaltys c'est pas mon point fort. J'essaye de lire, pas d'anticiper, j'attends le dernier moment pour partir." Bien lui en a pris, même si une erreur de relance a permis aux Parisiens de marquer un but et de venir ternir une première en Ligue 1 par ailleurs prometteuse. "Pour un premier match en Ligue 1 je trouve que c'était un match correct, même s'il y a eu la boulette, mais ça fait partie du jeu. Après... il y a des matchs derrière, et il faut les gagner. On peut pas revenir en arrière, ça fait partie du jeu. Il y a eu une boulette, il y en aura d'autres, c'est comme ça, c'est le football, c'est comme ça que ça marche. J'ai enchaîné les 8 matchs, et c'est bien parce que j'ai commencé. Après, les plus réussis, c'est ceux où tu prends des points, les trois derniers, deux nuls et une victoire."

Face à Rennes (2-0), le Marocain a signé son premier clean sheet, et "ça fait du bien de pas prendre de but !" Le gamin de l'Académie Mohamed VI a désormais bien grandi. Match après match, il semble prendre confiance et assumer pleinement ce rôle de numéro 1. "Tout le monde rêve de jouer en Ligue 1. J'ai travaillé dur, j'ai bien bossé avec Stéphane depuis des années, depuis que je suis arrivé en France, j'ai eu ma chance et voilà !" Il est en train de la saisir, et quand on évoque des automatismes qui seraient aussi en train de se créer avec ses coéquipiers, Bellaarouch balaye l'argument : "J'étais 2e mais j'avais envie de jouer. Tu vois les matchs, t'es sur le banc, tu vois comment ça se passe, et dans ma tête, j'étais prêt."

En coulisses, Alaa Bellaarouche est décrit comme une belle personnalité, pas le dernier à se marrer. Dans un sourire, le gardien explique qu'il faut savoir "rigoler. On est des frères, sur le terrain on est solides, quand il faut être sérieux on l'est, mais en dehors, tu peux faire ce que tu veux ! Tu peux rigoler !

Une préparation qui change

Dans sa préparation, "Bella" raconte ce regain de concentration. "Quand t'es sur le banc, c'est pas pareil. J'ai pas besoin qu'on me parle pour me dire le match approche, il faut se concentrer. Je me concentre moi-même. Tout le monde ici connaît mon caractère." Un caractère et des qualités également, qui se développent petit à petit avec l'accumulation des matchs : "Le jeu au pied c'est une de mes qualités, même si je dois régler deux, trois petites choses. J'ai progressé par rapport aux ballons aériens. Je sens que je progresse au global avec les matchs. J'ai pas tout montré, pas encore, je peux faire mieux, j'en suis sûr. Il faut moins de déchet technique sur les relances, mais je sais qu'avec le temps, il n'y aura plus ces erreurs. Et ça fonctionne avec les matchs, tu prends de l'expérience, tu apprends de tes erreurs, et tu fais moins d'erreurs."

Sous contrat jusqu'en 2027, le gardien strasbourgeois évolue dans une forme d'indifférence familiale. "Ma famille, je te mens pas, ils suivent pas le foot. Juste mon petit frère, c'est tout. Il est aussi gardien de but à l'Académie Mohamed VI, où j'étais avant." Et quand on évoque la sélection A du Maroc, Bellaarouch ne se défile pas, et affirme que "ça reste un objectif, ça l'était déjà avant de venir à Strasbourg. Je suis avec les U23, c'est déjà pas mal, mais depuis que j'ai commencé, j'ai envie d'aller avec les A, j'attends..." Il attend aussi, peut-être les Jeux Olympiques de Paris, mais chaque chose en son temps : "Ma tête est pas encore aux JO. Déjà, on doit gagner le plus de matchs possibles, il en reste sept, après il y a les vacances, et après on verra pour les Jeux Olympiques."

Disputer des grandes compétitions, ce sera une étape supplémentaire dans le développement d'un joueur qui reste encore jeune et relativement inexpérimenté, mais qui ne rêve que d'une chose : marcher sur les traces de ses modèles, Manuel Neueur et Marc-André Ter Stegen, une école allemande qui l'inspire énormément.

 

Ce qu'en dit Patrick Vieira

"Alaa, c'est un joueur qui a énormément de talent, de qualités, et avec Matz, c'était difficile pour lui d'avoir du temps de jeu, on lui en a donné un peu en coupe de France où il a été très bon. Il est dans une période où il est un peu en apprentissage de la gestion de ses émotions aussi. Plus il joue, plus je le sens à l'aise, sa personnalité est très intéressante pour nous. Je pense qu'il a les qualités pour devenir un très bon gardien de Ligue 1

[Après le match de Paris], le discours a été simple : on commet tous des erreurs. Je fais des erreurs tactiques, sur le choix des joueurs, le choix des remplaçants... L'erreur fait partie de notre milieu, et même de la vie. Moins on en fait, mieux c'est, mais ce qui est important, c'est de comprendre, d'apprendre et Alaa c'est quelqu'un de positif, qui a du caractère, une grosse personnalité, et ces erreurs l'ont rendu meilleur et le rendront meilleur, c'est certain. Il a besoin de consistance, d'enchaîner les matchs, les entraînements, la pression, de lui en demander toujours plus, mais il est vraiment dans un environnement où on a tous confiance en lui, et à partir de là, c'est à lui de faire le travail, et d'avoir le sérieux qu'il faut pour réussir."