Ces commerçants qui ne veulent plus faire de soldes
Publié : 1er février 2025 à 10h06 - Modifié : 3 février 2025 à 10h59 Sébastien Ruffet
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Les commerçants, notamment indépendants, se posent de plus en plus la question : faut-il continuer à faire des soldes lors des périodes légales ? Quelques éléments de réponses avec ces commerçants réfractaires.
C'est une tendance qui se dessine doucement mais sûrement. Des commerçants qui croient de moins en moins en cette période des soldes d'hiver. Meilleure gestion des stocks, nécessité d'être compétitif à l'année, autant de raisons qui font réfléchir. Voici quelques témoignages que nous avons pu recueillir.
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Guillaume, de Smash à Strasbourg, magasin spécialisé dans le tennis / "Les gens te parlent plus souvent de la remise que du prix qu'ils ont payé"
"Ces dernières années en tant que commerçant je me rends compte que certaines marques produisent pour les soldes ou nous vendent des produits en promo juste avant. Les gens sont perdus avec de fausses promos toute l’année, black machin, black truc... C’est dommage mais il est parfaitement légal d’afficher un produit à 80 euros, même si son prix public est de 50, et de vendre de la remise. D’ailleurs les gens te parlent le plus souvent de la remise qu’ils ont eue et non du prix qu’ils ont payé. Donc depuis quelques années je ne fais plus de soldes : on respecte toute l’année les prix publics, on a augmenté les remises pour nos clubs partenaires de 50%. Toute l’année on a des produits en fin de série qu’on propose entre 30 et 40 % de remise. Cela récompense les clients fidèles qui viennent régulièrement."
Patrick Krausé, dirigeant de Norsk Poele, spécialiste du chauffage et de la climatisation / "On part sur des avantages clients supplémentaires"
"Pour la première fois, on ne fait pas de soldes, mais on part sur des avantages clients supplémentaires, comme un an de chauffage pour tout achat de poële ou de granulés. On aura toujours des remises sur les fins de série, mais nous, ce sont des produits qui perdurent, c'est pas comme dans la mode où vous ne pouvez pas stocker ad vitam aeternam. Le gros de notre chiffre se fait sur les nouvelles installations, on a besoin de dynamiser le passage, car janvier et février c'est toujours une période plus molle pour nous. Globalement, on a des marges déjà assez réduites, puisqu'on est sur un secteur avec pas mal de concurrence, notamment sur la climatisation. On va plutôt communiquer sur le fait que les clients en ont plus pour le même prix, et que quand on vend une solution de chauffage, c'est pas un one shot, il y a un entretien, on essaye de perdurer, de faire le boulot correctement, et pour ça, il faut préserver les marges. C'est la première fois qu'on le fait on sait pas à quoi s'attendre, on verra si on a mis dans le mille."
Gwen Bauer, directeur des Vitrines de Strasbourg / "Aujourd'hui, on gère les stocks différemment"
"Cela fait partie des discussions qu'on a avec nos adhérents. Beaucoup se posent la question. Est-ce que cette période est encore bien positionnée ? Les soldes, c'est une décision nationale, il y a des discussions, mais chaque type de commerce va vouloir répondre différemment, parce que les besoins, les temporalités ne sont pas forcément les mêmes. En Allemagne, par exemple, ils laissent libre selon les branches d'activité. Après, on sait que pour certains, cela reste un moment important, mais aujourd'hui on gère aussi les stocks différemment. Avant on pouvait liquider mais ce n'est plus trop dans l'air du temps. Il y a souvent des ventes privées, des pré-soldes, et le consommateur est aussi plus attentif à faire des affaires au moment opportun."
Anthony Ferrare, gérant de Noblessa Cuisines à Vendenheim / "Le client doit pouvoir se concentrer sur son projet et pas sur le prix"
"Au-delà des soldes, dans un métier où tous les mois il y a un truc - une pose à un euro, un électroménager offert, etc. - nous c'est une politiqiue où on ne met pas de pression d'achat. Le client doit pouvoir se concentrer sur son projet et pas sur le prix. On fait un focus sur la temporalité du projet, peu importe que ce soit en janvier ou en décembre, on veut un traitement du client toujours juste. On ne travaille que sur le surclassement, l'accessibilité des choses que les clients peuvent s'interdire : éclairage, plan de travail minéral (pierre, céramique, quartz), électroménager de gamme supérieure. Les soldes, ça t'oblige à tout remiser, y compris les moins chers. Les seuls soldes que tu peux faire, c'est le matériel d'expo. Après, dans ce métier, c'est un volant perpétuel de remises. On n'achète pas la confiance du client, on la gagne. Le commerce digital, ils vont te proposer des offres toute l'année, mais nous on est assez protégé, parce que c'est un produit de conception."
Le modèle est-il amené à évoluer ? / @TopMusic - SR