Le schnaps, une tradition à faire perdurer en Alsace

Publié : 23 juillet 2024 à 12h41 - Modifié : 24 juillet 2024 à 13h49 par Sébastien Ruffet

Schnaps
Des dizaines de personnes sont venues découvrir l'alambic à Oberhoffen-sur-Moder.
Crédit : @Top Music - SR

L'association des Bouilleurs de cru d'Oberhoffen-sur-Moder a proposé une matinée de découverte. L'occasion de faire le point sur une pratique autrefois répandue en Alsace et qui se perd. Un pan de la gastronomie locale qui est menacé ?

Depuis mai 2021, l'association des Bouilleurs de cru d'Oberhoffen-sur-Moder redonne vie à une tradition qui essaimait autrefois partout en France : la distillerie artisanale. Notre guide du jour, c'est Nicolas Heinrich, 24 ans, "tombé dans l'alambic quand j'étais petit, comme Obélix". La comparaison s'arrête là, parce que Nicolas, pour le coup, n'est pas un peu enrobé, comme dirait l'autre. Les chiffres, eux, sont têtus. Selon le jeune bouilleur de cru - qui en a fait sa thèse - il y avait aux alentours de trois millions de producteurs (amateurs) de schnaps en France dans les années 1950, et ils n'étaient plus que 70.000 en 2019. Aujourd'hui, ils ne subsistent que dans quelques régions réputées pour leurs eaux-de-vie comme la Normandie, la Lorraine ou encore l'Alsace. 

L'alambic d'après-guerre a été rénové en 2021. "Il appartenait à la coopérative agricole", raconte Nicolas. "On a relancé l'activité locale avec les villages alentours. Aujourd'hui, on est une cinquantaine dans l'association, et on peut faire du schnaps avec une vingtaine de fruits différents." Si les fruits à noyaux (mirabelles, cerises, quetsches...) sont ceux qui donnent le meilleur rendement, Nicolas a lui un faible pour le schnaps de figue. "Avec le réchauffement climatique, on commence à en avoir de plus en plus en Alsace, et j'essaye de changer un peu cette tendance de la mirabelle, même si c'est très ancré ici." 

L'alambic rénové donne aujourd'hui totale satisfaction / @TopMusic - SR

Au-delà de l'alambic, ce que l'association cherche à montrer, c'est que distiller, c'est prendre soin de son verger : "On montre ici tout le processus et le savoir-faire traditionnel. La taille des arbres, la pollinisation, le tri des fruits, comment ils fermentent... Après, la distillation, c'est convivial, ça attire du monde. C'est quelque chose qui se perd au fil des années, et qu'on essaye de remettre au goût du jour." 

Un savoir-faire à transmettre

Justement, ce jour-là, l'association enregistre une nouvelle recrue. Dominique, de Soufflenheim, est venu se renseigner. "Mon grand-père en faisait, mais mon père, ça ne l'intéressait pas trop. J'aimerais bien relancer un peu le truc, apprendre ce savoir-faire, cette tradition, même si au final, je ne suis pas trop consommateur de schnaps." Le député du secteur Vincent Thiébaut a aussi passé une tête lors de cette matinée bon enfant : "C'est bien de faire vivre cette tradition ancrée dans le territoire, ça fait vivre les vergers également. Les particuliers mettent parfois un peu trop de béton, et ça fait vivre la biodiversité d'avoir des arbres fruitiers." S'il confie s'accorder un petit verre de temps en temps, "mais jamais seul, c'est la base", Vincent Thiébaut apprécie aussi le fait de voir des jeunes se saisir de ces traditions, "à l'image des micro-brasseries, où il y a des choses très sympas dans le secteur. Il y a de la recherche gustative, et à la fois on cherche à retrouver ses racines." 

Des racines des arbres au petit verre de schnaps qui fait digérer, il y a tout un travail, animé à la fois par l'homme et la nature. Un travail long, délicat, soigné, qui amène à la dégustation. Et quand on déguste et qu'on apprécie, c'est forcément avec modération

Quelques exemples de fruits qui peuvent être distillés / @TopMusic - SR