Les librairies indépendantes alsaciennes en danger

Publié : 12 septembre 2024 à 8h16 - Modifié : 14 septembre 2024 à 16h52 par Julia Clementz

Nicolas Deprez, de la librairie Le Tigre, appelle à l'entraide.
Nicolas Deprez, de la librairie Le Tigre, appelle à l'entraide.
Crédit : Top Music - JC

Depuis quelques jours, plusieurs librairies lancent un appel à l’aide. Nous sommes moins nombreux à privilégier ces lieux pour acheter nos livres, et ça se ressent. L’Oiseau Rare ou encore Le Tigre, deux librairies strasbourgeoises, peinent par exemple à s’en sortir.

Après la Tâche Noire l’année dernière, c’est au tour de ses voisins du quai des Bateliers de tirer la sonnette d’alarme. C’est le cas notamment de l’établissement le Tigre, qui est très fragilisé après six ans d’existence. Entre l’augmentation des frais de transports des livres (+ 20% en deux ans), mais aussi du gaz, de l’électricité, l’établissement culturel a vu ses charges doubler voire tripler. Côté fréquentation, c’est aussi plus compliqué. « L’inflation touche nos lecteurs. Forcément dans le budget d’un foyer, la partie culture n’est pas la priorité. Les gens achètent moins, car mine de rien on ne mange pas et on ne s’éclaire pas avec un livre », lance avec le sourire Nicolas Deprez, responsable de la librairie LeTigre à Strasbourg. Pour tenter de reconstituer une trésorerie, la librairie Le Tigre invite ses clients à créer un compte et à le créditer d’une somme à dépenser n’importe quand.

« On gagne autant en vendant un café qu’un livre de poche »

Un peu plus loin quai des Bateliers, la librairie strasbourgeoise L’Oiseau Rare bat elle aussi de l’aile. Elle s’accroche, mais la réalité du métier la rattrape. « C’est un commerce vraiment dur à tenir dans le sens où on a de grosses charges mais avec des marges bien plus faibles. Il faut vendre un paquet de livres pour réussir à tout payer derrière, on gagne autant en vendant un café qu’un livre de poche », explique Morgane Albisser, co-gérante de L’Oiseau Rare. Depuis son ouverture en 2019, le lieu n’a jamais réussi à se constituer une réelle trésorerie. En cause : le covid, les confinements et surtout trois ans de travaux devant les locaux qui ont eu un impact très fort. C’est pourquoi l’Oiseau Rare a lancé une cagnotte en ligne pour s’en sortir. L’objectif est d’atteindre les 25 000 euros, pour l’instant elle en compte plus de 10 000 !

La réalité de la concurrence

Dans le monde de l’instantané et de la livraison rapide, les librairies indépendantes sont maintenant moins populaires et forcément impactées par ce nouveau service.  « Beaucoup de gens passent par Amazon, mais il faut bien se rendre compte que chaque vente est une de perdue pour ceux qui galèrent », dit Morgane Albisser.