En route pour les JO : Morgane Osyssek, gymnaste haguenauvienne

26 décembre 2023 à 6h00 - Modifié : 28 décembre 2023 à 5h58 par Jules Scheuer

Morgane Osyssek, ici sur une épreuve de poutre, a contribué à qualifier la France pour les JO.
Morgane Osyssek, ici sur une épreuve de poutre, a contribué à qualifier la France pour les JO.
Crédit : Sarah Ladot - BelgymFrance

À quelques mois du lancement des JO de Paris, la rédaction de Top Music vous propose une série de portraits de sportifs alsaciens qui pourraient disputer cette compétition. Aujourd'hui, découvrez celui de Morgane Osyssek, gymnaste haguenauvienne de 21 ans. Le 4 octobre dernier, elle faisait partie de l'équipe qui a qualifié la France pour les Jeux Olympiques de Paris et qui a décroché une médaille de bronze.

Top Music : Comment vas-tu et comment occupes-tu tes journées depuis les championnats du monde d'octobre ? 

Morgane Osyssek : Ça va plutôt bien depuis les mondiaux. J’ai repris une scolarité un peu plus poussée en troisième année de management et marketing du sport. Sinon, je m'entraîne toujours deux fois par jour. 

Top Music : Justement, parlons de ces mondiaux qui ont eu lieu en octobre parce qu'ils ont été très particuliers. L’équipe de France, dont tu fais partie, est repartie d’Anvers avec la médaille de bronze. Une médaille en équipe dans un mondial, ça n’était plus arrivé depuis 1950. Vous mesurez l'ampleur de l'exploit que vous avez réalisé toutes ensemble ? 

M.O. : À chaud on ne s’en rendait pas trop compte, mais après on a un peu pris conscience de ce qu’on avait réussi à faire. C'est positif pour les Jeux  Olympiques qui arrivent, ça donne de nouveaux objectifs et ça donne envie de décrocher d’autres médailles. 

Top Music : Est-ce que l'équipe de France peut viser un podium aux Jeux de Paris l’été prochain ? 

M.O. : En tout cas on va essayer d'aller en chercher un ! On a vu ce dont on a été capable sur ces championnats du monde et on va tout faire pour renouveler la chose sur les prochaines compétitions. On va faire notre maximum et après on verra bien ce qui arrive à Paris, mais c'est sûr qu'on a envie d'aller chercher la même performance.

"On a vu la finale comme un bonus et une chance
  de montrer un peu ce dont on est capable"

Top Music : C’était la première fois que tu performais sur des championnats du monde. Comment as-tu vécu cette grande première ? 

M.O. : C'était mes premiers mondiaux en tant que titulaire dans l'équipe. J'étais remplaçante l'année dernière, donc j'avais fait le déplacement, mais au final je n'avais pas matché. Donc quelque part, oui c’était mes premiers mondiaux. C'était un peu de stress, mais on était toutes prêtes. On avait fait une grosse préparation avant, autant psychologique que physique. On avait travaillé sur énormément de points et donc on était quand même assez confiantes. La finale, on l’a abordée avec un état d'esprit de récompense puisqu’on cherchait surtout à valider notre place pour les Jeux Olympiques. Alors quand on a été sûres de l’obtenir après la phase de qualification, on a vu la finale comme un bonus et une chance de montrer un peu ce dont on est capable.

Top Music : L'entente est bonne au sein de l’équipe de France ? 

M.O. : Oui l'entente est super bonne entre nous. Ça fait plusieurs compétitions qu'on fait ensemble maintenant donc forcément on commence à se connaître et puis au-delà d’être une équipe, on s'entraîne ensemble, on se connaît de mieux en mieux, on est devenu des amies. 

Top Music : Durant cette compétition, il y avait aussi Simone Biles qui concourait. Qu’est ce que ça t’as fait de la rencontrer ?

M.O. : C'était assez impressionnant de me dire que j'allais matcher avec des filles que d'habitude je vois plutôt en vidéo ou à la télé. C'était une grande expérience pour moi et c'était assez impressionnant. 

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Top Music : Qu’est-ce qu’on se dit quand on qualifie son pays pour les JO ?

M.O. : On était venu pour ça, pour chercher notre qualification olympique en équipe. On avait travaillé pour et forcément je suis extrêmement fière de pouvoir dire que j’ai contribué à qualifier mon pays. On savait que ce n’était pas non plus impossible, qu'on en avait largement les capacités, mais comme on dit, il ne faut pas se rater le jour J.

Top Music : Malgré cette qualification, tu n'es pas encore certaine de disputer les Jeux Olympiques avec l’équipe ? 

M.O. : On a qualifié l'équipe mais nos places ne sont pas nominatives. Forcément au vue de ces résultats et de mes performances je suis quand même sur la bonne voie pour faire les JO, mais c'est vrai que rien n’est acté. 

Top Music : Quand est-ce que tu auras une réponse définitive ? 

M.O. : Officiellement et vraiment définitivement, on le saura à la dernière minute, environ un mois avant. En général, c'est ce que la Fédération essaie de mettre en place : avoir la meilleure équipe en vue du jour J en fonction des conditions physiques et de tout le monde.

Top Music : Comment on se prépare en tant qu'athlète professionnel à ce genre de grosse échéance ? 

M.O. : Déjà, c’est énormément d'heures d’entraînement. Il faut avoir une bonne hygiène de vie pour réussir à tenir le rythme parce qu’autant les Jeux arrivent vite, autant c'est encore long. Tout peut arriver jusqu'à là. On a des suivis diététique, psychologique pour la préparation mentale et bien sûr un suivi à l'entraînement pour être en forme. 

"Je pense que pour beaucoup de sports,
  les Jeux restent l'objectif d'une carrière"

Top Music : Et puis évidemment des JO, ça ne se prépare pas en 4 mois. Ça fait combien de temps que tu les envisages ? 

M.O. : Dans l'état d’esprit, ça fait depuis Tokyo que je sais que je vais tout faire pour être sur les jeux de Paris. Ça fait donc bien 4 ans minimum, mais je pense que les Jeux c'est quelque chose qui se prépare tout au long d'une carrière. Je pense que pour beaucoup de sports les Jeux restent l'objectif d'une carrière. 

Top Music : Et justement, ça représenterait quoi pour toi de les disputer à domicile ? 

M.O. : Ce serait quand même génial parce qu'on sait que c'est dans notre pays. Une grande majorité du public qui va venir nous voir soutiendra la France. C'est incroyable de pouvoir représenter son pays chez soi. 

Top Music : Tu te sens déjà soutenue au quotidien ? 

M.O. : J’ai énormément de soutien derrière moi, de la plupart de mon entourage, que ce soit les personnes de mon club, ma famille, mes amis… Concernant les mots de soutien sur les réseaux ou les choses comme ça, je ne m'y attache pas trop, je préfère ne pas trop me concentrer sur ces choses là. J’essaye de garder vraiment un contact avec mes proches plus qu'avec le reste. 

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Top Music : Ton histoire avec la gym a commencé très tôt dans ta vie. 

M.O. : Oui c’est ça. J’ai commencé la baby-gym à l'âge de 2 ans. J'étais une enfant assez active, il me fallait un sport pour me dépenser et à cet cet âge là, il n'y a pas non plus beaucoup de choix. Donc la baby-gym c’était un choix assez stratégique. C'était à côté de chez moi, ça me permettait de me dépenser. En plus, à Haguenau, il y avait une possibilité d'évolution assez importante au sein du club avec les loisirs, la section sport-étude. En fait ça s'est fait assez naturellement et j'ai continué étape par étape. 

"J'ai vraiment compris vers mes 12 ans, alors que j'étais déjà en structure
  de haut niveau, que je pourrais faire quelque chose de la gym
"

Top Music : À quel moment de ta vie tu as senti qu'il y avait de la place pour une carrière professionnelle? 

M.O. : Assez tard. Je faisais de la gym plus par passion, qu'en me disant que je pouvais en faire une carrière. Je suis rentrée aux CREPS (Centre de ressources, d'expertise et de performance sportives) de Dijon en pôle espoir à l'âge de 10 ans. Je pense que j'ai vraiment compris vers mes 12 ans, alors que j'étais déjà en structure de haut niveau, que je pourrais faire quelque chose de la gym. Au début, ce sport c'était plus une bonne expérience qu'autre chose. C'était sympa de voyager, mais je m'intéressais pas plus que ça au haut niveau quand j'étais petite.

Top Music : Dans le même temps, tu as découvert l'équipe de France à 13 ans. Comment s'est passée cette première sélection ?

M.O. : C'est extrêmement de fierté quand on est jeune et qu’on sait qu'on va représenter notre pays. Ça m'avait aussi importé de recevoir les tenues de l’équipe de France : les survêtements, les t-shirts, les justaucorps. C'était assez incroyable.

Top Music : À quoi ça ressemble, une adolescence de sportive professionnelle ?

M.O. : Je pense qu'on a un peu le regard de se dire qu'on n'a pas une vie normale comparé aux autres quand on les voit aller au cinéma après les cours et que nous, on va à l'entraînement. Je m'entraînais deux fois par jour. J'allais au collège dans une classe classique et je faisais des horaires aménagés avant de quitter le collège après deux heures de cours pour aller m'entraîner. Je revenais en cours l'après-midi et je m'entraînais encore le soir. J'ai fait ça quasiment toute ma scolarité, collège et lycée compris.

Top Music : La sport de haut niveau nécessite de faire beaucoup de sacrifices, notamment pour la gym. Tu as toujours été d’accord de les faire  ?

M.O. : J'ai eu des périodes où forcément, j'ai un peu remis en question mon sport. Quand par exemple, je voyais que je n'avais pas l'évolution que j'attendais... En catégorie sénior, je faisais des championnat de France, mais j'ai fait mes premiers championnats d’Europe assez tardivement comparé à d'autres gymnastes. Donc forcément, il y a eu des remises en question. On se dit : « Est-ce que je vais vraiment réussir à atteindre le niveau que je voudrais un jour ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup de continuer ? »

"On a toujours cette peur de regretter d'avoir
  arrêté trop tôt, d'avoir loupé quelque chose
"

Top Music : En plus, c'est un sport où vous partez en retraite sportive un petit peu plus tôt que dans d’autres sports. Le temps joue contre vous.

M.O. : Oui, c'est ça, parce qu’il y a aussi les études à côté. On se dit qu'on pourrait avoir des projets de vie différents. Mais au final, on a toujours cette peur de regretter d'avoir arrêté trop tôt, d'avoir loupé quelque chose. Même quand ça ne va pas, on continue d'y croire. Et c’est aussi pour ça que je suis toujours là aujourd’hui.

Top Music : Huit ans après tes débuts en équipe de France, comment tu jugerais tout le chemin que tu as parcouru ? Qu'est- ce que tu aurais envie de dire à la Morgane d’il y a huit ans ?

M.O. : De continuer et de ne pas lâcher, même dans les périodes difficiles, parce qu'au final, on s'en sort bien.

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Top Music : En parallèle de grandir avec la gym, tu as aussi grandi en Alsace, où tu es née. Ça t'arrive encore de t'entraîner à Haguenau ?

M.O. : De temps en temps, pendant les périodes de vacances. Là, par exemple, quand on est dans la période des matchs de club, je reviens deux ou trois jours avant pour m'entraîner là-bas.

Top Music : J’imagine que t’es aussi la fierté du club ?

M.O. : Quand je rentre au club, je retrouve dans les plus jeunes qui me regardent, la sensation que j'avais quand j'étais petite et que je voyais les grandes s’entraîner. En me disant que c'était impressionnant et que j'aimerais bien faire pareil.

"En Alsace, il y a les traditions, le côté très famille.
  J'aime bien l'Alsace et ses paysages
"

Top Music : Qu'est-ce que ça t'as apporté de grandir en Alsace ? J'imagine que quand on est sportif professionnel, on ne peut pas trop dire que la gastronomie alsacienne, c'est ce qu'il y a de mieux…

M.O. : Effectivement, il fallait quand même faire un petit peu attention à ce que je mangeais, mais en Alsace, il y a les traditions, le côté très famille. J'aime bien l'Alsace et ses paysages. Et puis quand je rentre à cette période, je vois les marchés de Noël. Tout ça, ça reste.

Top Music : Tu ne vis plus dans la région, mais est-ce tu envisages d’y revenir ?

M.O. : Oui, parce que c'est une région qui m'a marquée. J'aimerais bien y revenir. J'y rentre quand même minimum une fois par mois, assez régulièrement. Même si je n’y vis plus la semaine, je reste quand même proche de l’Alsace.

Top Music : Pour conclure cette interview, raconte nous ce qui t'attend dans les prochaines semaines ?

M.O. : Ma saison est finie pour les fêtes. Je vais revenir sur les compétitions au début de l'année prochaine. En attendant, on va continuer de s’entraîner. On va se soigner un peu aussi. Il faut que le corps souffle et se repose. Je vais faire attention à moi et je vais revenir en forme pour ré-attaquer la préparation des Jeux de Paris.

Top Music : Merci Morgane.

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