Et si on payait directement nos artistes préférés ?

Arthur Ely
Arthur Ely propose une vision différente de sa musique
Crédit : @Capture - Youtube Arthur Ely

Entre la rémunération toute relative des plateformes de streaming et les difficultés à vendre des albums, les artistes pas encore confirmés galèrent. Le Strasbourgeois d'origine Arthur Ely innove en demandant à ses fans de l'aider directement, avec des contreparties exclusives.

Rap, chanson, pop, poésie... Arthur Ely évolue au gré de ses envies artistiques du moment, et a réussi à rassembler autour de lui une belle petite communauté de fans. Le Strasbourgeois d'origine fait partie de ces artistes un peu à part qui peinent à vivre de leur art, et qui y mettent pourtant tout leur talent et toute leur énergie. Face à des plateformes de streaming au fonctionnement particulier, et dans un monde où plus personne ne vend de disques, il faut trouver un moyen de "lisser" ses revenus. C'est ainsi qu'Arthur a eu l'idée d'en appeler directement à ses fans, de leur demander une contibution financière, moyennant des contreparties exclusives. 

Nous l'avons contacté, et voici ce qu'Arthur Ely nous a confié dans un (long) vocal sur WhatsApp, avec une vraie réflexion sur le milieu de la musique et la rémunération des artistes, qui doit aussi nous faire repenser notre consommation.

Des moments d'écriture sans revenus

Arthur Ely : "L'idée m'est venue, parce que j'arrivais à un moment paradoxal où j'étais très content des sons qu'on a produits, avec de très beaux retours, et en même temps, j'ai jamais été autant en galère de tunes ! (rires) Dans les carrières artistiques, t'as ces moments doubles, où tu sors d'un long moment d'écriture avec peu de revenus, notamment parce qu'on ne fait pas de concerts. Et après t'as aussi un gros délai entre les écoutes, et l'argent que tu récupères, qui peut venir un an, un an et demi plus tard. Donc je cherchais une solution pour que mes revenus soient plus sereins on va dire."

Intégrer les fans à l'aventure

"On s'est rendu compte que dans d'autres formes culturelles, dans le jeu vidéo, ou le journalisme indépendant par exemple, il y a des exemples de newsletters, payantes ou non, qui ont permis d'élargir une communauté, et de générer un revenu stable. Le fait que dans mon projet poésie, il y ait beaucoup d'écriture, je me suis dit qu'il y avait toute une matière que je pouvais envoyer aux gens. Donc c'est pas juste "filez moi des tunes pour faire tel album", c'est plutôt un échange : vous soutenez le projet plus intimement et je vous donne accès à des choses que je n'aurai pas l'occasion de montrer, des versions de morceaux différentes, ou des morceaux qui ne sortiront pas. Je les intègre à l'aventure, et je pense que c'est un rapport plus sain."

"On renforce nos liens"

"Les labels nous demandent d'avoir déjà un réseau, un public, et d'avoir fait sa communauté tout seul. Mais en fait le rapport le plus direct au public, c'est ça : c'est le public qui te soutient et qui prend part active dans le projet. Des gens me suivent depuis longtemps, d'autres me découvrent, et beaucoup sont chauds pour soutenir, même des étudiants qui ont pas trop d'argent ! Je me disais c'est con de pas leur donner l'occasion de le faire (rires). On renforce nos liens, et en concert ça créé autre chose de plus fort, et moi ça me permet d'avoir des revenus supplémentaires qui me permettent d'être plus détaché."

"Ton argent ne va pas vers les artistes que tu écoutes"

"Je pense que ça accompagne les changements dans le domaine de la musique avec le streaming qui est devenu un peu stable. L'industrie est contente et des artistes gagnent bien leur vie, mais c'est ultra concentré. Mais si toi tu payes 10€ ton abonnement sur Spotify ou autre, si t'écoutes que UN SEUL artiste, bah ta tune ira quand même à Rihanna. Tout ira sur les artistes qui concentrent le plus d'écoutes.Ton argent ne va pas vers les artistes que tu écoutes, mais dans un gros gâteau qui redistribue aux plus grandes écoutes. Faire cette newsletter, c'est un moyen de contourner un peu ça. Pour avoir un ordre de grandeur, on va dire qu'un million d'écoutes, ça te rapporte 4000€. Et encore il faut déduire la prod, les frais, les clips, l'image... Les premiers bénefs, c'est quand on a remboursé tous ces budgets de prod, donc à coups de 4000 balles, tu vas pas loin, et encore il faut le faire le million d'écoutes ! Et sur plusieurs sons ! Quand t'as le gros lot, genre 20 millions d'écoutes, tout de suite ça génère de l'argent, mais il n'y a pas tant de gens que ça dans la chanson française qui font 20 millions d'écoutes sur plusieurs sons." 

> Pour soutenir Arthur, c'est par ici <

 

 

Publié : 25 juillet 2025 à 6h00 - Modifié : 28 juillet 2025 à 7h46
Sébastien Ruffet - Journaliste

Journaliste généraliste, mais avec un attrait pour le sport, Sébastien est diplômé de l’Ecole de Journalisme (EDJ) de Nice. Après être passé dans plusieurs médias, aussi bien en radio qu’en TV ou en presse écrite, il a posé ses valises à Top Music en 2013. Expertise : Le sport (football et tennis en particulier), la musique, la photo