Gavrilovic, le Strasbourgeois côté à l'est

31 août 2023 à 10h51 - Modifié : 1er septembre 2023 à 8h04 par Sébastien RUFFET

Gavrilovic
Alexandre Gavrilovic a pris l'habitude de dominer les raquettes d'Europe
Crédit : @DR

Il passe sous les radars, mais sa carrière pourrait faire un paquet d'envieux. Le basketteur Strasbourgeois Alexandre Gavrilovic vit son rêve en Europe de l'Est. Après le très relevé championnat de Russie, il va découvrir la tout aussi réputée Ligue Adriatique, avec le Mornar Bar, au Monténégro.

Devant un café allongé d'un nuage de lait, Alex Gavrilovic l'admet : le manque de reconnaissance en France - et en Alsace, ça lui fait un peu mal. Il a pourtant passé un an à la SIG, porté le maillot de l'équipe de France U20 (avec un titre de champion d'Europe), mais depuis ses années universitaires aux Etats-Unis, c'est comme s'il n'existait plus, malgré trois saisons en ProB, à Roanne puis Evreux. "Chaque début de saison, le site BeBasket répertorie les JFL libres, et je ne suis jamais dedans ! Cette année, avant de signer à Mornar, j'étais libre pourtant..." Une offre est tout de même arrivée de Cholet cet été, mais Alex voulait goûter à autre chose. 

Fier des origines serbes du côté de son père, et de cette culture qu'il lui a transmise, Alex a tatoué "Balkan" en cyrillique sur son bras / @TopMusic - SR

Sa carrière s'est construite autour d'un objectif : réussir en VTB, le puissant championnat russe. Certains lui riaient au nez en début de carrière, mais c'est avec l'agent serbe Minja Ilic que la porte va s'entrouvrir. A la fin de son contrat à Evreux, en 2018, il réitère sa volonté de rejoindre la VTB. Il contacte alors Minja, qui l'avait aidé en début de carrière. Celui-ci va jouer carte sur table. "Il m'a dit : je ne te promets pas la Russie tout de suite, mais le meilleur club possible pour te faire repérer", rembobine Alex, assis sur une chaise haute de son appartement strasbourgeois. "Je signe finalement à Balkan, en Bulgarie. Ce n'est pas un grand championnat, mais le club joue la coupe d'Europe, la FIBA, et pour se montrer, c'est parfait. Je finis sur le podium des meilleurs rebondeurs (8,4rdb, 17 d'évaluation), je suis dans All Second Team de la compétition, et on finit champion, le premier titre du club depuis 30 ans. Une semaine après la fin de la saison, le coach de Minsk m'appelle." Pari gagné donc, et direction la Biélorussie, et "la plus belle ville d'Europe", où le pivot va aussi rencontrer sa future femme. Après Minsk, club de bas de tableau, direction le Nijni Novgorod, plus haut dans la hiérérachie, où il finira 4e de la puissante VTB. 

Cap sur l'Adriatique

Après deux ans de transition en Roumanie puis en Belgique, pour tenir compte aussi de la vie professionnelle de sa compagne, Alexandre Gavrilovic prend donc la direction du Monténégro cet été. "La Ligue Adriatique, c'était aussi un objectif. Tu joues dans des ambiances de malade, au Partizan ou à l'Etoile Rouge de Belgrade, qui sont des clubs historiques, comme le Cibona Zagreb, ou Ljubljana aussi. Vivre l'expérience du basket yougo, c'est incroyable. Quand tu es joueur, tu as envie de vivre des émotions." Dans son calendrier, le déplacement au Partizan Belgrade, le 29 septembre, a été entouré en rouge. 

A 31 ans, le Strasbourgeois a encore quelques belles années devant lui, et ne s'empêche pas de rejoindre un top club de cette Ligue Adriatique, comme l'un des deux clubs de Belgrade, son rêve. Il travaille dur pour cela : "Aujourd'hui, j'ai une très haute éthique de travail. Plus jeune, j'aurais pu gagner un peu de temps si j'avais eu ce sérieux, cette discipline, mais je suis quand même fier du chemin parcouru jusqu'ici." Même si c'est dans l'ombre et dans l'indifférence de son propre pays d'origine. 

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Alex sous le maillot de Minsk / @DR

DEUX ALSACIENS A SON SECOURS

"Est-ce que tu peux faire apparaître deux personnes dans l'article ?" La question est tombée en fin d'entretien, et Alex m'explique rapidement pourquoi il y tient particulièrement. "D'abord, il y a Jean Kohler. C'est le président du club de Furdenheim. Depuis quatre-cinq ans, il me donne accès à la salle pour que je m'entraîne quand je suis en Alsace. C'est compliqué d'avoir accès à des terrains. Par exemple, tu entres pas comme ça au Rhénus pour faire des paniers (sourire)... A Furd', j'ai les clés, j'y vais entre 5h et 8h le matin, ça me permet de shooter un peu, et de prévoir une deuxième séance plus tard dans la journée."

"La deuxième personne qui compte ici, c'est Patrice Koehnig, l'entraîneur d'Holtzheim, en N2. D'ailleurs, c'est drôle, quand j'étais petit, ma mère avait entendu sur Top Music qu'il y avait un camp basket à Matzenheim, et c'est là que Patrice m'a repéré. Il a vu un potentiel athlétique, même si je débutais et que j'étais nul ! C'est lui qui a appelé la SIG, et c'est comme ça que tout a démarré pour moi. L'été, quand j'attends de trouver un club, il me propose de faire la reprise avec Holtzheim. J'évite les contacts, mais ça fait du bien de s'entraîner avec une équipe.

Quant à Strasbourg, il n'y a pas d'autre endroit où passer ses étés... "J'aime avoir mes habitudes. Ici, je connais, et puis toute ma famille habite à Strasbourg ! Je ne voulais pas vivre en France ailleurs qu'à Strasbourg. C'est mon enfance."

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