Jean-Paul Loth tire sa révérence à 85 ans
Publié : 6 août 2024 à 14h54 par Sébastien RUFFET
Il aura été l'un des grands architectes du tennis français, et une voix du sport à la télévision. Le Strasbourgeois Jean-Paul Loth a commenté la finale des JO de Paris entre Djokovic et Alcaraz avant de raccrocher définitivement son casque et son micro.
Il aura été joueur de tennis, entraîneur, directeur technique national, consultant... Mais toujours avec une seule passion : le tennis ! C'est pour ça que Jean-Paul Loth dit d'emblée que "toutes les pages sont désormais tournées", quand on évoque avec lui ce dernier chapitre professionnel, celui qui l'a fait connaître du grand public, le commentaire sportif. "J'ai fait l'affaire de mon implication totale dans le tennis, maintenant je vais pouvoir suivre ça en touriste", glisse-t-il de manière malicieuse, l'esprit encore vif et alerte.
Top Music : Jean-Paul, que retenez-vous de cette "carrière" de consultant sportif à la télévision ?
Jean-Paul Loth : Pour moi, ce n'est pas une carrière, c'est un épisode. A l'époque, j'avais décidé qu'il fallait faire plus pour développer le tennis en France, et notamment convaincre les gens de ce qu'il fallait faire. En tant que DTN (à partir de 1977 ndr), j'ai visité 150 villes en deux, trois ans, pour rencontrer des clubs, des présidents, des entraîneurs... Je voulais apporter une parole engagée et efficace, mais il faut entretenir cette parole ! Donc j'ai profité de deux, trois invitations dans les médias, comme Roger Couderc pour passer mes messages autrement. J'étais toutefois assez informé de ce qui se passait dans les radios et les télévisions pour savoir ce qu'attendaient les auditeurs. J'ai eu un peu plus de place dans le média TV, et donc plus de place pour passer mes messages, pour les CNR, les clubs... Et en 1991, quand je ne suis plus Directeur Technique National, je n'avais plus besoin de faire d'efforts, on venait me chercher pour commenter les matchs. Tout cela me passionnait, et je cassais les oreilles à ma femme à commenter à la maison !
Et vous avez continué encore un paquet d'années !
Ma carrière a toujours été bâtie sur des envies de faire mieux. J'ai changé quand je sentais que je ne pouvais plus apporter. J'entraînais des jeunes, et puis j'ai entraîné des moins jeunes... Ensuite dans les bureaux de la DTN, et puis dans les médias... Et il y a une dizaine d'années, je me suis dit que je pouvais devenir le plus vieux consultant du sport à la télé, à condition de ne pas être totalement gaga ! Je n'ai pas de record, pas de titre, alors je m'étais dit que 85 ans, c'était bien, et pas vanité et par prétention que c'est moi qui partirais (rires) !
Vous avez été gâté pour votre tout dernier match : Djokovic - Alcaraz en finale des Jeux Olympiques...
Dans la vie, il faut avoir un peu de chance, et là c'est le coup de bol total. Déjà, Eurosport - qui a une formidable équipe de consultants et journalistes - me propose les JO... Pour moi, c'est le plus bel événement, plus que les Grands Chelems encore, c'est mon avis. Et quand vous voyez l'émotion de Djokovic... Et donc terminer mon exercice par des JO, c'est un cadeau. En plus, le faire avec des copains excellents, et arriver sur une finale avec ce qu'on a fait de mieux jusqu'à aujourd'hui en termes de palmarès, face à ce gamin qui est un don du ciel pour le tennis, on ne pouvait pas rêver mieux.
Le message d'Henri Leconte Sur Facebook, Henri Leconte a immédiatement posté un message et une photo (ci-dessus) pour celui qui l'a accompagné pendant de nombreuses années quand il était encore un jeune joueur. "Merci pour tout ce que tu as apporté au tennis, merci d'avoir toujours été là pour moi, merci pour ta gentillesse, ta générosité, ton humour, ta patience Maintenant on va pouvoir se retrouver plus souvent sur les greens."
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Est-ce qu'il y a une rencontre que vous avez commentée qui reste un souvenir marqué au fer rouge ?
Ah les matchs de la Coupe Davis 1991, remportée à Lyon... Je commentais et j'étais encore DTN, et tout ça, c'était mes équipes, le staff, Yannick Noah capitaine, les joueurs qu'on avait amenés jusque là... J'avais promis qu'on gagnerait quelque chose, un Grand Chelem ou une Coupe Davis. Je commentais, et je voyais cette balle de match arriver, j'avais posé le casque, Michel Dhrey me parlait mais je ne répondais plus, c'était une émotion particulièrement forte.
Un dernier mot sur cette petite expression signature, le fameux "Et pan !". D'où ça vient ?
Ah ah ! Alors toujours dans la même veine de cette passion qui m'anime... Mon meilleur coup quand j'étais joueur, le coup qui m'enthousiasmait le plus, c'était le smash. Je cherchais quelque chose qui plaise ou qui amuse les enfants qui regardaient à la télé, et je me suis souvenu de ça, et c'est sorti comme ça : "Et pan !" Et puis on a commencé à m'en parler, ça plaisait aux gens, j'en ai usé et abusé, je l'ai remplacé, mais il est forcément revenu (rires).
Fan de Carlos Alcaraz Lors d'une légère digression qui arrive toujours quand deux amateurs de tennis se parlent, Jean-Paul Loth a dit toute son admiration pour le jeu du jeune espagnol Carlos Alcaraz : "Ce garçon est un un don du ciel pour le tennis. On pensait qu'avec le départ du Big 4, le tennis allait être moins intéressant, mais il y a chaque décennie une relève... Nous l'avons avec Alcaraz, Sinner... Mais je dois dire que Carlos Alcaraz a joué le meilleur tennis que j'ai jamais vu de toute ma vie. C'était par moments, à Cincinatti, à Wimbledon, mais c'était extraordinaire. Et j'en ai vu des joueurs..." |