SNCF : direction l'Allemagne avec promos
Publié : 24 mai 2022 à 15h26 - Modifié : 24 mai 2022 à 16h02 Sébastien Ruffet
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La SNCF et la Deutsche Bahn ont fêté les 15 ans de leur collaboration, entamée le 10 juin 2007. A cette occasion, plusieurs sujets ont été abordés, et des offres promotionnelles annoncées pour ce printemps.
Pour cet anniversaire particulièrement symbolique, le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou a fait le déplacement à Strasbourg pour y retrouver son homologue de la Deutsche Bahn, Richard Lutz, ainsi que toutes les équipes d'Alléo, la filière commune qui gère les liaisons transfrontalières. Si le moment était avant tout festif, il a permis à la SNCF de communiquer sur des offres alléchantes à destination de l'Allemagne. Jean-Pierre Farandou a néanmoins répondu à des questions plus sensibles, autour de la tarification ou des problèmes sur les TER Grand Est.
Au centre, Richard Lutz et Jean-Pierre Farandou. / @Top Music
15 ans de coopération
Jean-Pierre Farandou : "C'était important pour moi de venir à Strasbourg fêter ce 15e anniversaire d’Alléo. C'est un succès commercial, avec 25 millions de personnes transportées, à destination de Francfort, Stuttgart, ou encore Munich. C'est aussi un succès technique, puisque les deux trains (TGV et ICE) circulent indifféremment en France et en Allemagne, et même au niveau des équipages, on a un contrôleur français et un contrôleur allemand. C'est une belle réussite. Aujourd'hui, c'est 24 trains par jour, pour 21 destinations, au départ de Paris ou de Marseille. Il faut que les grandes villes d'Europe soient reliées entre elles, soit par train de nuit, soit par train à grande vitesse. On fait l’Europe du quotidien, des gens qui voyagent d’un pays à l’autre le plus simplement possible."
Richard Lutz : "Alléo, c'est comme si deux voisins étaient devenus amis. Relier la France à l'Allemagne à 320km/h, c'est extraordinaire. L'Europe a besoin d'un réseau ferroviaire fort, crucial en cas de crise. Je suis devenu un Européen convaincu grâce au train."
Les accords de coopératon ont été prolongés de cinq années supplémentaires.
Une opération commerciale a été lancée avec 15 000 billets à 29€ pour n'importe quelle destination en Allemagne, du 25 mai au 8 juin. La campagne rappelle avec humour que "l'Allemagne, c'est la porte à côté", et vous invite à "rendre visite à vos cousins germains".
Enjeu écologique
Jean-Pierre Farandou : "C'est un véritable enjeu de transition écologique. Les gens n'ont plus peur de faire quatre, cinq, six heures de train, surtout la jeune génération. Notre concurrent principale ,c’est la voiture, qui représente 85 % des déplacements. On déplace une voiture d’une tonne pour déplacer une personne de 80kg, donc on voit que le rendement énergétique, il est pas fameux ! On sait que le TGV pollue beaucoup moins. Les transports représentent 31% des émissions de CO2, le train, c'est 0.3%. Le rail fait partie de la solution écologique. Je voudrais qu’on double le trafic ferroviaire en France et en Europe, c’est possible mais il faut un transfert puissant. Il faut proposer des services et qu’il y ait une prise de conscience collective : si on veut voyager tout en préservant la planète, il faut privilégier le train."
Pour compléter, le train émet 50 fois moins de CO2 que la voiture, et 80 fois moins que l'avion.
La politique tarifaire
Epinglée par l'INSEE - qui a vu une hausse des billets de 15% sur un an - la SNCF conteste la méthode de calcul. Pour Jean-Pierre Farandou, qui en a fait son cheval de bataille depuis sa prise de poste fin 2019, "il faut comparer avec 2019, qui est une année comparable justement. Et là, objectivement, les prix sont en baisse de 7%. En 2021, avec le Covid, il y avait moins de passagers, dont proportionnellement plus de voyageurs avec des promos. Plus de monde dans les trains, c'est aussi plus de voyageurs à des prix plus élevés, et donc une moyenne plus élevée. On a un écart de méthode avec l'INSEE, on va aller les voir pour comprendre et qu'on parle le même langage. Je veux néanmoins que le TGV retrouve sa dimension populaire. La Carte Avantage a été un vrai succès avec 3,5M de ventes. Des millions de Français ont retrouvé le chemin du rail. Et pour cet été, on enregistre déjà des ventes 10% supérieures à 2019. On veut une politique du volume avec des tarifs accessibles."
Le couac avec la Région Grand Est
Mécontente du service sur quelques lignes, la Région a décidé de suspendre ses paiements à la SNCF, ce qu'a confirmé Jean-Pierre Farandou. Le directeur de la SNCF a précisé certains éléments de ce dossier : "La Région Grand Est a suspendu ses paiements mais nous, on ne suspend pas le paiement des salaires des cheminots, de l’achat de l’énergie, de la maintenance… On peut toujours accepter la mauvaise humeur, mais on est encore à 95 % de régularité sur le TER Grand Est, c'est l'une des meilleures de France. On a trouvé de l’amiante sur des rames anciennes, il y a 14 rames en moins, forcément ça pose quelques problèmes de tension. Sur 1800 trains, il y en a 80 qui sont touchés, on peut comprendre sur l’objet mais c’est disproportionné dans son ampleur. On n'envisage pas de poursuite juridique avec notre grand client qu’est la Région Grand Est. C'est une cause imprévisible, et il fallait être sérieux. On avait une obligation en tant qu’employeur d’arrêter ces trains, la gêne vient de là. J’espère que le conseil régional comprendra qu’on fait nos meilleurs efforts pour remplacer dès que possible ces trains qui manquent. La situation est un peu injuste et disproportionnée par rapport à la défaillance de service, qui vient d’un problème de santé publique."
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Les équipes d'Alléo ont célébré le moment. / @Top Music