Les apprentis se mettent en scène

9 avril 2024 à 14h59 - Modifié : 10 avril 2024 à 14h38 par Sébastien RUFFET

Apprentis
Les jeunes ont décidé eux-mêmes de la mise en scène de leurs métiers
Crédit : @DR

C'est une façon étonnante mais pertinente de mettre en valeur l'apprentissage. Des jeunes apprentis, alsaciens et allemands, se retrouvent pour jouer des saynètes qui mettent en avant leurs métiers. Boulangers, bouchers, ou encore menuisiers vont monter sur les planches, pour peut-être inciter d'autres jeunes à les rejoindre dans leurs filières.

C'est un projet un peu fou dans lequel se sont lancés quelque 500 apprentis français et allemands. Plus habitués des travaux manuels, ils planchent, au cours de 36 rencontres au total en quatre mois, sur des saynètes qui mettent en relief leurs métiers. Ainsi, les 8 à 16 comédiens par saynètes (regroupés par métiers) ont défini leurs thématiques lors d'ateliers en fonction de ce qui leur tient à coeur. D'abord un petit travail d'improvisation, pour ensuite définir un vrai petit scénario avec l'aide d'un metteur en scène professionnel pour les aiguiller. "Par exemple, les chaudronniers ont imaginé une histoire où il faut construire un pont pour sauver une femme enceinte", raconte Manon Bilger, la fondatrice de Europa Scène. "Les menuisiers insistent plus sur les gestes du bois... L'idée, c'est de valoriser d'une façon un peu innovante des thématiques inspirées de leur vécu.

"Ils sont obligés de travailler en équipe, de s'ouvrir aux autres"

Après un projet pilote à Wissembourg (avec six groupes), cette 3e édition monte clairement en puissance avec 18 groupes d'apprentis ! L'occasion aussi d'échanger entre les deux pays. Ce lundi, ce sont les apprentis menuisiers qui s'étaient donné rendez-vous à la maison des Compagnons du Devoir à Strasbourg, après des visites à Karlsruhe. Parmi les jeunes présents, Tristan, 15 ans, qui a apprécié de découvrir ce qui se passait de l'autre côté de la frontière, même si le théâtre, ce n'était pas forcément inné : "Au début, j'étais pas très chaud, parce que monter sur scène, je ne suis pas forcément à l'aise. On est allé au CFA à Karlrsuhe, on a vu l'atelier des Allemands, et on voit que c'est pas du tout pareil. J'ai quelques notions en allemand, mais c'est très léger, mais ils font pas mal d'efforts en français, donc ça va,on se comprend. On parle pas forcément de menuiserie, mais on se découvre avec d'autres nationalités. C'est cool, parce qu'on voit qu'il y a de moins en moins de personnes qui s'inscrivent, donc on essaye de transmettre le métier, de donner envie de se lancer dedans. J'avais fait deux portes ouvertes, et c'est ce qui m'avait donner envie. Ce que j'aime dans la menuiserie, c'est la finesse, la précision, et utiliser les machines, c'est cool.

Bien sûr, le but sous-jacent, c'est de mettre en valeur l'apprentissage. "C'est beaucoup plus valorisé en Suisse ou en Allemagne", poursuit Manon. "En France, ce n'est pas la même image... On veut aussi donner aux jeunes ces codes pour avoir tous ces savoir-être qui ne sont pas forcément innés. Les fameuses soft skills (sourire). Ils sont obligés de travailler en équipe, de s'ouvrir aux autres, il y a un état d'esprit qui se crée, et franchement c'est fou de voir ce qu'ils peuvent réaliser en peu de temps." Bien entourés par des professionnels du spectacle vivant (metteurs en scène, techniciens lumière...), les jeunes, âgés de 15 à 25 ans, finissent "hyper fiers d'eux". Une façon aussi d'inciter d'autres jeunes à les rejoindre pour des métiers très nobles, qui ouvrent vers des concours d'excellence, et qui continuent de recruter. 

 

Un spectacle doublé d'une journée de découverte des métiers 

Au bout du projet, il y aura trois représentations, le 7 mai au théâtre municipal de Lahr, le 14 mai au Point d’Eau d’Ostwald et le 16 mai au théâtre municipal de Colmar, à 20h. En amont de ces spectacles, le grand public pourra découvrir les métiers, avec des petits challenges à réaliser et des cadeaux à gagner. "On ne voulait pas faire un forum des métiers classiques", explique Manon Bilger, la fondatrice d'Europa Scène. "On va faire un grand happening de présentation des métiers où on invite des écoles, mais aussi tous les jeunes qui ne savent pas trop quoi faire de leur vie. Il y aura des challenges à relever, comme faire des tresses le plus vite possible. En passant à chaque atelier, il y aura un petit tampon sur un passeport, c'est une façon de les amener à visiter tous les stands, pour ne pas rester sur des a priori. Avec le passeport rempli, il y aura des lots à la clé, comme des billets pour Europa Park par exemple." Un très bon moment donc, fun, convivial, et qui peut dessiner un avenir. La billetterie est ouverte : 5€ en tarif plein, 3€ en tarif réduit. Le spectacle, lui, dure environ une heure.

 

Les jeunes apprentis menuisiers travaillent avec le metteur en scène Pascal Paul-Harang. / @DR