Les hôpitaux publics à la dérive

Publié : 1er août 2022 à 16h36 par Thomas Stenico

Le Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg fait parti des 20 hôpitaux visités par les députés NUPES.
Le Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg fait parti des 20 hôpitaux visités par les députés NUPES.
Crédit : @Top Music

Partout en France, des députés la France Insoumise déplorent la situation préoccupante dans les hôpitaux publics. Le député du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes a échangé ce lundi 1er août avec de nombreux professionnels au Nouvel Hôpital civil de Strasbourg.

"Près de 4 milliards d'euros d'économie ont été faits sur le dos des hôpitaux. 180 000 personnes ont quitté leur emploi à l'hôpital ces dernières années.", explique Emmanuel Fernandes, député de la 2nd circonscription du Bas-Rhin devant le Nouvel Hôpital civil de Strasbourg . Alors que la situation de l'hôpital public ne cesse de se dégrader depuis plusieurs années, des députés la France Insoumise ont décidé d'organiser 20 rencontres devant des hôpitaux publics partout en France. L'objectif est d'échanger avec le personnel et les patients sur la situation et de rapporter leurs doléances et témoignages.

Manque de lits, matériel usagé, longueur administrative, burn-out

" On a un engorgement des urgences. Il manque des lits. Dès 8h, on a déjà 30 lits occupés et personne ne partira avant 15h. Certaines personnes ne peuvent pas être bien prises en charge. Il y a quelques semaines, un monsieur de 100 ans est resté plus de 24h sur un brancard.", témoigne Sébastien Harscoat, médecin urgentiste aux hôpitaux universitaires de Strasbourg. Le contact humain est aussi beaucoup moins privilégié  qu'avant. Sébastien Harscoat explique : " Je passais avant 10 minutes avec un patient. Je lui demandais comment il se sentait, ses impressions. Aujourd'hui, je n'ai que 2 minutes à lui consacrer. Je leur dit " à tout à l'heure", mais je ne le reverrai que dans 4 ou 5 heures car on est débordés." 

L'hôpital public doit aussi faire vague à d'importantes vagues de démissions. " J'ai des collègues qui sont venus me voir en pleurs. Ils n'en peuvent plus. Il y a deux semaines j'ai une collègue qui était à deux doigts d'un accident de voiture car elle se refaisait le film de sa journée dans sa tête. Ca impacte aussi notre vie privée. Les jeunes diplômés chaque année ne compensent pas les départs des personnels.", observe Raphaël Bouvier, secrétaire général de la CGT au HUS.

Le public doit faire face à la concurrence du privé. 


Les hôpitaux publics envoient aussi leurs patients dans le privé car ils ne peuvent pas répondre aux besoins, agir assez rapidement. " Il faut attendre au moins trois à quatre mois pour faire une IRM ou une radio. Dans le privé, il suffit d'attendre une semaine pour avoir un rendez-vous. On est obligé de les rediriger car on a tout le matériel mais ça prend des mois.", c'est ce que précise Florent Cretin, secrétaire à la CFDT aux hôpitaux universitaires de Strasbourg.

Les cliniques privées ont davantage de moyens et peuvent à contrario du public trier leurs patients. " Si une clinique privée ne veut pas d'un patient, elle nous l'envoie. On ne peut pas le refuser donc ça engorge davantage les services. Les hôpitaux privés peuvent se permettre de faire du tri, nous, non." dit-il.

Les personnels hospitaliers sont invités à lister leurs besoins et doléances. Ces listes seront récupérées courant septembre afin de présenter une synthèse de la situation devant l' Assemblée Nationale.