Sécheresse : fleurir or not fleurir ?
Publié : 11 août 2022 à 7h28 - Modifié : 11 août 2022 à 16h31 par Sébastien Ruffet
Face à une sécheresse inédite, particuliers comme collectivités sont soumis à des restrictions d'usage de l'eau. Une problématique en forme de paradoxe.
Le tout béton a fait son temps. En période de chaleur, c'est encore plus évident : nos villes affichent facilement deux à trois degrés de plus que nos campagnes. Les arbres, la végétation, apportent inévitablement un peu de fraîcheur, mais ils ont besoin d'eau pour vivre. Alors quand un épisode de sécheresse inédit s'invite et que des tensions importantes apparaissent sur le réseau d'eau, des arbitrages doivent entrer en jeu. S'il n'est pas choquant d'accorder des dérogations au monde agricole qui doit tous nous alimenter, la question du fleurissement et de l'entretien des espaces verts en ville est en question. Simple confort ou véritable enjeu ?
A Obernai, on a ainsi décidé de "rentrer" tous les arrangements fleuris, de les mettre à l'abri à l'ombre en attendant que ça aille mieux. Colmar, s'est vu refuser sa demande de dérogation - comme Strasbourg et Mulhouse - du fait que son eau est puisée directement dans la nappe phréatique et pas dans les sources qui s'épuisent au fond des vallées.
Quand on se promène à Colmar, on comprend très vite que les touristes sont là, et ce qui a toujours fait la force et la beauté de l'Alsace, c'est justement sa verdure et son fleurissement. Alors faut-il faire des exceptions au regard de la situation météo exceptionnelle que nous vivons actuellement, avec seulement 5,2mm de pluie tombés au mois de juillet, ce qui en fait un des mois les plus secs de l'histoire ?
Le regard des professionnels du fleurissement
L'Union des Pépiniéristes et Horticulteurs d'Alsace, l'UPHORAL, apporte des éléments de réponse via un communiqué :
"Voilà près de 20 ans que les acteurs alsaciens du fleurissement, en premier lieu les communes, Alsace Destination Tourisme et la filière horticole en partenariat avec la Fredon sont engagés afin de faire évoluer le fleurissement de nos villes et villages : indispensable à l’attrait touristique de notre belle région, le fleurissement a déjà dû s’adapter aux exigences environnementales mais également climatiques suite aux effets
de la canicule de 2003. [...]
La problématique de la gestion de l'eau est ainsi devenue une priorité avec l'utilisation de contenants à réserve d'eau, de terreaux adaptés, des systèmes d'arrosage par goutte à goutte. Le paillage des massifs, la récupération de l'eau de pluie ainsi que la formation du personnel ont complété ce plan d’actions ambitieux.
Enfin, le choix des végétaux - espèces et variétés – a également été adapté au fil des saisons et des expériences du terrain afin de privilégier les plantes nécessitant peu d'eau et pouvant mieux affronter les pics de chaleur.
Le VEGETAL (arbres, arbustes, plantes et fleurs) est aujourd'hui considéré comme étant essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique et se trouve être notre meilleur allié naturel pour y faire face efficacement. Bon nombre de collectivités ont compris l'enjeu du retour de la nature en ville afin de favoriser des îlots de fraicheur et combattre les effets de la canicule.... Le VEGETAL est le meilleur climatiseur, et le seul moyen naturel de rafraîchir nos villes et nos maisons.
L’arrêté sécheresse imposé sans concertation avec les acteurs du fleurissement risque de mettre en péril, non seulement 20 ans d'investissements et de travail afin de promouvoir un fleurissement durable, mais également tous les efforts autour de la promotion du label des villes et villages fleuris."
Comme pour la consommation de l'énergie (éclairage public...), c'est désormais aux villes et villages de faire les bons arbitrages dans la gestion de l'eau, cette ressource vitale qui devient si rare ces dernières semaines.