"La pire nuit de la St Sylvestre depuis 20 ans" : marche des pompiers contre les violences

16 janvier 2020 à 18h14 - Modifié : 10 mai 2021 à 10h56 par Anne-Sophie Martin

TOP MUSIC
Revendications des pompiers devant la caserne, quai Finkwiller à Strasbourg. / @Top Music

Une marche contre les violences faites aux pompiers sera organisée ce vendredi 17 janvier à Strasbourg. Les pompiers déplorent les récentes violences dont ils ont été victimes notamment lors de la nuit du Nouvel an à Strasbourg, lors de l'agression au couteau du 12 janvier à Schiltigheim ou à l'occasion d'une intervention le 5 janvier à Cronenbourg.

Interview du commandant Sébastien Rossi au SDIS 67, du syndicat Avenir Secours, il revient sur la violence subie lors de la nuit de la St Sylvestre :

Lors de cette nuit de la saint Sylvestre 2019, on n’avait pas vu pire depuis vingt ans, les violences avaient eu tendance à baisser ces dernières années, mais cette année, on note effectivement un net regain de violences. On a dû faire face à des volumes de violences et d’incivilités équivalents à ce qu’on avait connu il y a environ une vingtaine d’années.

Un regain violence avec des pompiers pris dans des guet-apens ?

Effectivement, il y a beaucoup d’équipages de sapeurs pompiers qui ont été pris dans des guet-apens tout au long de cette nuit. On avait déjà senti un regain de violence à notre égard et à l’égard des institutions depuis la nuit de Halloween. On a atteint un paroxysme avec cette nuit du 31 décembre où de très nombreux engins sont tombés dans des guet-apens, ils  ont dû se retirer de nombreuses fois, ils ont été pris à partie des dizaines de fois tout au long de la nuit, soit par des jets de projectiles soit des jets de mortiers et des pétards, pour en arriver à une agression majeure qui a fortement touché notre profession. On n'est pas passé loin du drame sur cette dernière agression.

Quand vous dites que vous avez été pris dans des guet-apens, quelles ont été les situations ?

C’est un engin qui arrive sur une intervention et qui très rapidement se rend compte que ses différentes voies de fuite sont soit bloquées par des barricades en feu ou par des véhicules qui viennent boucher les voies de repli. On a des engins qui ont été obligés de partir en catastrophe des interventions pour ne  pas être pris à partie par plusieurs dizaines de personnes.

Combien de pompiers ont été blessés ? 

Deux sapeurs pompiers ont été légèrement blessés lors de cette intervention dans la nuit du 31 décembre, donc deux blessés physiques. C'est aussi toute une profession touchée moralement avec beaucoup de personnels touchés psychologiquement.

Il y a eu plusieurs arrêts de travail ?

Aujourd’hui, on a des personnels qui sont en arrêt de travail à cause de ces violences. Des collègues qui se posent des questions sur leur engagement, et sur la vocation qu’on a tous à vouloir aider les gens, à sauver les gens. Des pompiers se posent des questions sur la poursuite de leur engagement au sein de la profession.

Ce sont des très jeunes qui vous mettent parfois dans des guet-apens ? Le préfet  a indiqué que de nombreux jeunes de moins de 13  ans ont été interpellés lors de la nuit du Nouvel an.

Effectivement on a des adolescents , de très jeunes gens de 13 , 14 ans qui participent à ce genre de guet-apens. C’est inquiétant effectivement parce qu'on ne réagit pas pareil face à un enfant par rapport à un adulte et pour nous c’est totalement désarmant.

Vous appelez à manifester ce vendredi, faut-il s'attendre à une manifestation massive ?

Effectivement, on appelle à une marche de la grande famille des sapeurs pompiers contre les violences qui nous sont faites au quotidien puisqu'on parle beaucoup de cette nuit du 31 décembre, on parle aussi beaucoup de l’agression qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche à Schiltigheim ou un de nos collègues a été blessé par arme blanche au niveau du visage. On focalise beaucoup sur ces deux incidents, sur ces deux faits très graves mais malheureusement on subit des violences toute l’année, tous les jours que ce soient des insultes jusqu'à des guet-apens et des atteintes physiques à nos personnels.

Aussi des pompiers sont intervenus récemment  à Cronenbourg dans des caves, et vous avez été insultés.

Oui tout à fait, juste après le 31 décembre, on a également un équipage d’une ambulance qui avait été prise à partie début janvier par la famille de la victime qu’on venait secourir avec des personnels qui étaient en danger, parce qu’ils ont été assaillis par plusieurs personnes avec des violences, des coups de poing, des insultes et autres. Pour nous c’est plus possible !

On rappelle quand même que vous intervenez pour sauver des vies.

C’est ce qui est d’autant plus désarmant pour nous c’est qu'on intervient pour porter secours, pour porter assistance et le fait qu’on soit reçu par des manifestations de violence, c’est complètement incompréhensible.

Donc vous manifestez votre désarroi.

Tout à fait. On manifeste notre désarroi à la population.

Malgré tout, on voit sur les réseaux sociaux que la population vous soutient !

Effectivement il y a un grand soutien de la population mais on veut le montrer dans la rue cette fois.

Vous irez à deux endroits stratégiques, ce vendredi devant le tribunal et devant l’hôtel du préfet.

Oui c’est important pour nous puisqu'on parle beaucoup de solutions éducatives mais malheureusement une des solutions également pour enrayer ces  situations, c’est également la répression, donc on demande à nos autorités que les auteurs de ces faits soient sévèrement punis à chaque fois.

Donc vous demandez plus de sévérité parce qu'on sait que, par exemple, ces jeunes de moins de 13 ans bien souvent agissent en toute impunité ?

On demande plus de sévérité, on demande aussi qu’il y ait une prise de conscience de la population dans les quartiers. Car on est conscient que c’est une très large minorité qui nous agresse et on demande aussi à la population des quartiers de réagir face à ça.

Ecoutez  l'interview en intégralité

Départ du cortège des pompiers ce vendredi 17 janvier à 9h30 devant la caserne CIS Ouest, passage devant le tribunal de grande instance de Strasbourg puis à 10h45, rassemblement devant l'hôtel du Préfet.

Autre article sur la manifestation des pompiers publié le 13 janvier sur Top Music.fr