"On continue à soigner les patients atteints de cancer"

Publié : 8 avril 2020 à 15h15 - Modifié : 10 mai 2021 à 10h58 par Estelle Burckel

TOP MUSIC
Au sein des cliniques, les unités sont séparées en "unité Covid" et "unité non Covid". /@Youssef Taz

Le docteur Youssef Tazi est cancerologue et oncologue à Strasbourg, président du 3C Oncolia, le Centre de Coordination en Cancérologie. Il tient à rassurer ses patients et ses collègues pendant cette crise sanitaire.

Entre les cabinets médicaux fermés, les reports de traitement ou encore les idées-reçues et craintes que l'on peut avoir en cette période épidémique, il n'est pas facile pour les patients et les médecins de s'y retrouver durant cette crise sanitaire sans précédent. Le docteur Youssef Tazi, cancerologue et oncologue à Strasbourg, président du 3C Oncolia, le Centre de Coordination en Cancérologie a souhaité faire passer des messages rassurants. 

Les patients sont pris en charge

Le premier message important pour le président du 3C Oncolia, est de rassurer les patients sur leur prise en charge : "Notre organisation a été complètement chamboulée, on fait beaucoup de téléconsultations, on appelle les patients, il y a beaucoup de consultations qui ont été annulées pour que les salles d'attente ne soient pas trop remplies, pour que les patients ne se croisent pas. On personnalise la prise en charge des patients, on continue à traiter les gens au cas par cas. Il est important que les patients sachent cela, pour ne pas qu'ils se sentent délaissés dans cette période de crise."

Un autre point soulevé par le Dr Tazi est le nombre de cabinets médicaux fermés, soit par décision de l'Agence Régionale de Santé (ARS), soit parce que les conditions de sécurité ne sont pas respectées. Malgré tout, pas d'inquiétude pour la prise en charge des patients : "On s'est organisé de telle sorte que même dans les cas où des cabinets sont fermés, on gère les urgences. C'est-à-dire qu'on fait du "cas par cas". Si j'ai besoin d'une coloscopie, j'appelle un confrère gastro-entérologue pour la faire quand même, si j'ai besoin d'un pneumologue, on y arrive, c'est à dire que malgré la difficulté, on arrive avec beaucoup d'énergie à avoir un circuit pour traiter les patients atteints de cancer. Il faut vraiment que les patients se rassurent. Malgré la crise, on arrive à traiter les patients atteints de cancer. "

Il ne faut pas arrêter son traitement par peur d'attraper le Covid-19

Le docteur pointe aussi le problème des patients qui ne viennent plus se traiter, par peur d'attraper le Covid-19 : "On a par exemple des nouveaux cas qui nous sont adressés mais qui ne viennent pas. Ce sont des patients que l'on ne connait pas encore, donc on ne peut pas les appeler pour qu'ils viennent. Ce sont des diagnostics de cancer dont on n'a pas pu évaluer le traitement. Ces patients se disent que les cliniques sont des endroits où le virus circule, ils ont donc peur de l'attraper." Pourtant, Youssef Tazi assure que tout est fait pour que les conditions de sécurité soient réunies pour accueillir les patients

Au sein même des cliniques et hôpitaux, il y a des "unités Covid" et des "unités non Covid" : "J'ai un service où l'on a 30 lits, on a divisé le service en deux, avec une partie qui ne soigne que les patients ayant un cancer avec virus. Cette partie est complètement séparée de l'autre où les patients ne sont pas atteints du Covid-19. On fait le maximum pour qu'il n'y ait aucun risque de contamination au sein des centres de soins."