Labonal : des chaussettes aux masques

26 mai 2020 à 16h33 - Modifié : 10 mai 2021 à 11h00 par Céline Rinckel

TOP MUSIC
L'usine Labonal fabrique des masques depuis le 14 avril. / @Top Music

Le président de la Région Grand Est, Jean Rottner, a visité ce matin Labonal à Dambach-la-ville. L’entreprise a su faire face à la crise en produisant des masques.

"On a repris la production de chaussettes le 11 mai, mais tout doucement car le besoin en chaussettes n’est pas énorme. L’impact de la crise sur notre chiffre d’affaires va être non-négligeable : -20% d’ici la fin du mois de mai. D’où le projet de masque qui devait compenser partiellement cette situation" : voilà comment Dominique Malfait, le Président Directeur Général de Labonal, résume les derniers mois vécus par l’usine de Dambach-la-ville. L’entreprise a une nouvelle fois su "se retourner" (Labonal est sorti d’un redressement judiciaire début 2018). "La sortie de la crise va être difficile pour nous, on reste une entreprise fragile", explique Dominique Malfait à Jean Rottner, le président de la Région Grand Est, venu ce matin-là visiter l’usine bas-rhinoise. Depuis le début de la production de masques (le 14 avril), Labonal a vendu 150 000 masques et 80 000 sont toujours en stock. La production de masques devrait se poursuivre jusqu’en septembre.

  

Un cri d’alarme

Mais le Président Directeur Général de Labonal a aussi exprimé il y a quelques jours sa colère, son incompréhension face à la provenance des masques distribués par les collectivités locales. "Qu’est-ce qui a "buggé" dans la commande publique ?", demande Jean Rottner. "La concertation, le dialogue. On peut s’améliorer, s’adapter à ce marché. On a besoin de ces commandes pour la survie de l’entreprise", explique Dominique Malfait qui admet aussi que toute l’équipe Labonal avait le nez dans le guidon et que la partie commerciale a peut-être été négligée. Jean Rottner explique lui que 400 000 masques ont été commandés chez des industriels locaux, régionaux (20 sites produisent aujourd’hui des masques dans la Région Grand Est), mais qu’à l’époque le masque Labonal ne correspondait pas au cahier des charges à cause de son filtrant jetable.

Cette visite était inscrite depuis fort longtemps parce que je souhaitais rendre hommage aux industriels qui s’étaient adaptés à la crise et qui avaient modifié leur appareil de production. Et surtout une envie de dire : bien on a passé un moment difficile, aujourd’hui au-delà de la polémique des masques, au-delà de la problématique des masques, c’est toute notre industrie qui doit repartir et notre industrie textile tout particulièrement. / Jean Rottner, président de la Région Grand Est

Jean Rottner et Dominique Malfait se sont expliqués sur la déception de Labonal quant aux commandes publiques. / @Top Music

Des masques 100% français

Du côté de Labonal, on ne désespère pas puisque le besoin est encore là. Un nouveau masque, sans filtre et 100% français, est en train d’être testé et pourrait être commercialisé cette semaine encore s’il reçoit sa certification.

Le masque que je porte actuellement, il est 100% français. Il est fait en coton bio. Il est filé dans les Vosges. Il est teint dans le Nord de la France, à Tourcoing. Le fil élastique est filé en Normandie. Et il est tricoté hier. Donc pour le coup, il est 100% français. / Dominique Malfait, le Président Directeur Général de Labonal


Labonal vend aujourd’hui son masque entre 1,40 et 1,70€ (en fonction de la quantité achetée) et le filtrant jetable est vendu 0,25€ l’unité. Le masque peut être lavé 50 fois à 60°.