Un Alsacien en finale de Roland-Garros ?

25 mai 2018 à 14h32 - Modifié : 10 mai 2021 à 10h39 par Sebastien Ruffet

TOP MUSIC
Alexandre Robein, lors des IS 2018 / @TopMusic

Alexandre Robein est né à Sélestat, il vit à Saverne et sera peut-être le prochain français en finale de Roland-Garros. Il est arbitre international à seulement 28 ans et a tout l'avenir devant lui.

Top Music : Comment on devient arbitre ?

A.R. : D'abord il y a un contact au niveau de la ligue, au niveau Grand Est maintenant, qui est en charge de l'arbitrage. Il y a une formation : niveau A1, c'est le niveau départemental, A2, niveau régional, et puis A3 niveau fédéral. Il faut se faire un peu connaître par la fédération, on commence comme juge de ligne sur des tournois plus petits, comme des tournois Future, on commence à arbitrer des matchs en junior, des choses comme ça, et là on peut passer le niveau 3 à la fédération.

Quand on regarde un match de foot, on râle vite sur les arbitres, on remarque vite les erreurs... C'est beaucoup moins le cas au tennis... Alors c'est quoi un bon arbitre ? Qu'est-ce qui justifie tous ces échelons ?

Effectivement, nous, on a coutume de dire que si on parle pas de nous, c'est qu'on a fait du bon boulot. C'est quand il ne se passe absolument rien que l'arbitre a fait du bon travail. Donc il faut savoir bien gérer la communication avec les joueurs, savoir, sur terre battue, quand descendre pour aller vérifier une marque et « vendre » la décision aux joueurs.

Donc c'est beaucoup basé sur le relationnel, la capacité à dialoguer avec les joueurs ?

Voilà, c'est ce qui fait la différence entre un arbitre qui commence et un arbitre plus expérimenté. On gagne aussi la confiance des joueurs et des joueuses, et après ils nous le rendent bien.

Est-ce que pour les grandes finales, les joueurs peuvent se mettre d'accord et demander un arbitre en particulier, avec qui ils savent que ça va bien se passer ?

Non, ça ne se passe pas vraiment pas comme ça ! (rires) Par exemple à Roland-Garros, c'est le chef des arbitres qui va proposer un arbitre pour la finale et après ça doit être validé par le tournoi. Les joueurs n'interviennent pas du tout. En revanche, nous, comme les joueurs, on a une « No-List », c'est-à-dire que si on a des relations amicales avec des joueurs et qui pourraient entraîner des conflits d'intérêt, il faut qu'on le signale. Et dans l'autre sens, les joueurs peuvent signaler si ça s'est mal passé avec un arbitre, et ils peuvent dire, « là, pour l'instant, je ne veux plus qu'il m'arbitre ».

Là, typiquement, tu ne peux pas arbitrer Pierre-Hugues Herbert ?

Oui, Pierre-Hugues je le connais très bien, comme Albano Olivetti. Ce sont deux joueurs que je connais bien, et ce sont les deux seuls qui sont sur ma « no-list ».

Est-ce que pour un arbitre, c'est la même consécration que pour un joueur que de faire une finale de Grand Chelem ?

C'est la finalité. Quand tu commences dans le milieu, la finalité en tant que Français, c'est de faire la finale de Roland-Garros. C'est comme les joueurs, plus le tournoi est prestigieux... Sur le CV, c'est important. (sourire)

A 28 ans, tous les espoirs sont permis...

Oui, j'ai eu mon badge argent l'année dernière, c'est tout frais, j'ai encore une longue carrière devant moi, donc à voir...


Alexandre Robein est aujourd'hui badge argent, ce qui signifie qu'il peut arbitrer sur tous les grands tournois du monde. Seul le badge or donne en revanche accès aux grandes finales. En 2017, il a notamment arbitré la finale du double mixte et un 3e tour messieurs à Roland-Garros.