Ces restaurants qui ne trouvent plus de personnel
Publié : 4 octobre 2021 à 8h00 - Modifié : 8 novembre 2021 à 13h41 par Céline Rinckel
C’est le coup de gueule d’une restauratrice qui reflète le malaise de toute une profession. Stéphanie Karaer tient l’auberge Le Meisenberg à Châtenois depuis huit ans avec son mari Ismaël. Mais depuis le premier confinement, c’est la course au personnel pour maintenir ouvert leur hôtel-restaurant.
Son coup de gueule, Stéphanie l’a d’abord partagé dans un post Facebook, un post partagé plus de 3 600 fois dans la France entière. "Nous perdons notre personnel depuis le déconfinement ! Comme beaucoup de restaurateurs, nous sommes en colère !", écrivait Stéphanie dans son post. Nous avons donc décidé de rencontrer la restauratrice de 42 ans dans son restaurant à Châtenois pour mieux comprendre sa colère.
"On est à bout"
Stéphanie Karaer ne comprend pas. Avec son mari, ils ont mis beaucoup de choses en place pour soulager leurs salariés (sept semaines de congés payés, deux jours consécutifs de congés par semaine, des horaires de services échelonnés, etc.). Et pourtant début septembre leur équipe est passée de 10 personnes à 5 personnes. Trop peu pour faire tourner la salle à plein régime : ils sont passés de 50 couverts par service à 35… mais cela ne pourra pas durer indéfiniment pour les comptes de l’entreprise. Stéphanie cherche donc à recruter du personnel en salle et en cuisine (uniquement en CDI).
"On a une activité de rêve, il nous manque juste les bras"
Après son "coup de gueule" sur Facebook, elle a déjà reçu quelques candidatures spontanées. Peut-être le bout du tunnel pour cette mère de deux enfants qui travaille de 6h à minuit depuis plusieurs semaines. Pour Stéphanie, le personnel est maintenant "en position de force et fait monter les enchères", mais impossible pour elle "de payer un plongeur 2 000 euros", car avec les charges il faut multiplier le salaire par 1,9. Depuis le mois de mai, 12 plongeurs ont fait des essais chez Stéphanie puis sont partis, parfois même sans donner de nouvelles.
Le matin on se lève, on ne sait jamais si tout le monde sera là. Tous les jours, c’est l’inquiétude de se dire : est-ce que celui-là il ne lui est pas arrivé quelque chose, est-ce qu’il va avoir envie de venir travailler ou pas, parce que c’est ce qu’on a vécu, surtout depuis le déconfinement. Des gens qui ont commencé le travail et au bout de trois jours ne revenaient plus (…) aujourd’hui on se retrouve avec une équipe trop réduite donc on se retrouve à refuser des clients. On est maintenant sur une capacité de 35-40 couverts au lieu de 50 (…) on essaye de préserver ceux (les salariés) qui sont en place (…) on ferme sept semaines par an, des congés qui sont payés et en majorité sur des vacances scolaires. On essaye d’aller dans le sens de notre personnel aussi (…) quand on est une équipe complète, on n’a pas besoin de faire des heures à-gogo, à gauche, à droite (…) j’ai des enfants, j’ai des petites filles : elles ont aussi besoin de leurs mères. / Stéphanie Karaer
En-dehors du problème de personnel, Stéphanie a aussi vu les tarifs augmentés du côté de ses fournisseurs. En un an, les prix des produits d’entretien, des poissons, des légumes, etc. ont augmenté de 23 à 30%. Une situation inédite pour les patrons de l’auberge Le Meisenberg à Châtenois.
Pour postuler, contactez Stéphanie via la Facebook du restaurant : https://www.facebook.com/aubergelemeisenberg/