"Bloc mort" : les infirmiers-anesthésistes se mobilisent en Alsace

9 novembre 2021 à 9h10 - Modifié : 9 novembre 2021 à 10h03 par Sebastien Ruffet

Le CHU de Strasbourg touché par le mouvement
Une semaine d'action dans les hôpitaux de la région

Les infirmiers-anesthésistes estiment être les grands oubliés du Ségur de la santé. Les promesses de revalorisations salariales n'ont pas été tenues, et il ne leur reste que la manière forte pour se faire entendre, comme à Haguenau et Strasbourg.

"On ne voulait pas aller jusqu'à prendre les patients en otage, mais on n'a pas le choix si on veut se faire entendre." En grève depuis le 2 novembre, Lucie et ses collègues ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Les banderoles, les courriers, ça ne suffit visiblement plus. "Olivier Véran avait promis de faire passer les revalorisations salariales, mais on voit que l'amendement n'a finalement pas été voté. Aujourd'hui, ma revalorisation à moi, je vous le dis en toute transparence, c'est zéro euro.

Lors du dépôt de leur préavis de grève, les IADE infirmiers-anesthésistes avaient plusieurs points de tension :

- Une reconnaissance législative, réglementaire et financière de leur profession à hauteur de leur niveau de formation, d’autonomie de pratique et de responsabilité professionnelle, 
- Le respect du cadre réglementaire leur accordant des compétences exclusives et une priorisation pour la composition des équipages SMUR, 
- La refonte du corps des IADE de la FPH pour y intégrer son encadrement spécifique issu de la profession, 
- La reconnaissance dans tous les secteurs de la pénibilité de leur exercice professionnel, 
- Le respect strict des recommandations et de la réglementation assurant la sécurité des procédures anesthésiques et des patients 

 

Des revalorisations nécessaires

La profession rappelle par ailleurs qu'elle permet le bon déroulement de 11 à 12 millions d'interventions chirurgicales par an. "Le grand public a été très sensible au mouvement des sages-femmes, et elles ont obtenu gain de cause", rappelle Lucie Munsch, l'une des porte-paroles du mouvement en Alsace. "Nous, on nous connait moins, mais on a tout autant besoin que notre mouvement soit soutenu.

Le Ségur de la Santé a ainsi établi une augmentation de 16€/mois pour les IADE en début de carrière. Avec un équivalent Master (Bac+5), et une qualification plus poussée, les anesthésistes ne débutent qu'avec 13 euros de plus qu'un infirmier en soins généraux (équivalent Bac+3). S'ils ne dénigrent à aucun moment les autres métiers de santé, les IADE rappellent néanmoins que ce sont eux qui doivent aller le plus loin dans leur spécialité, et que la moindre erreur de leur part peut être fatale pour la patient

A cela s'ajoute "des personnels fatigués, avec des moyens limités". Bref, c'est un vrai cri d'alarme. Le mouvement est très suivi à Haguenau et Strasbourg notamment.