“Comment être le seul déchet dans ta maison”
4 mai 2022 à 13h38 - Modifié : 5 mai 2022 à 15h24 par Anne-Sophie Martin
Le titre provocateur de l’ouvrage de Célia Laignel fait sourire. Mais c‘est pour la bonne cause, c’est pour faire de nous de vrais écolos, pour “assurer notre transition écologique”. Retrouvez l’interview de Célia Laignel qui nous explique sa démarche dans son livre publié aux éditions Hachette. Un ouvrage avec plein de conseils sur l’écologie, dispensés sur un ton décalé et drôle.
Avec son compte Instagram Keldechet, la Strasbourgeoise Célia Laignel s’est fait remarquer par les éditions Hachette qui lui ont proposé d’écrire ce carnet de bord d’une transition écologique, "Comment être le seul déchet dans ta maison".
Extraits de l’interview de Célia Laignel.
"Comment être le seul déchet dans ta maison ?” C’est un titre provocateur qui traite gentiment le lecteur de déchet ?
J’avais envie d’attirer l’œil des gens sur le livre et surtout de tout de suite donner le ton, dès le titre, pour dire que ça va être avec beaucoup de second degré, de sarcasme. Et que moi-même je m’insulte aussi avec le titre, je considère que je suis un déchet comme les autres gens.
Présentez-moi votre livre qui est très joliment illustré, c’est un guide pratique pour devenir écolo au quotidien.
J’ai voulu le construire sous la forme d’un carnet de bord, il est chapitré selon les pièces de la maison pour que les personnes puissent s’y retrouver plus facilement quand elles cherchent quelque chose en particulier. Avec cette présentation sous forme de carnet où on peut écrire, j’ai laissé plein d’espaces libres, pour que les gens puissent noter les livres qu’ils ont envie de lire, les documentaires qu’ils ont envie de voir, les défis qu’ils ont envie de se lancer. (...) Il y a aussi des jeux avec un labyrinthe pour sortir du capitalisme, de la surconsommation, avec des phrases à relier pour savoir quoi répondre quand on nous attaque sur notre transition écologique.
C’est un vrai carnet de bord de la transition écologique
J’ai adopté un point de vue un peu plus global et intersectionnel puisque comme j’ai fait des études de sociologie et de psychologie, ça me semblait important d’insérer aussi des points plus sociaux. Par exemple, je parle de la charge mentale dans la partie ménage pour les femmes dans les couples hétérosexuels, j’aborde aussi l’éco-anxiété qui est quand même quelque chose qui concerne beaucoup de jeunes de ma génération.
Votre ouvrage est écolo mais aussi féminisme ?
Pour moi tout va ensemble : l’écologie, les luttes sociales, le féminisme ont toutes un ennemi commun. J’ai donc essayé de rendre ça intéressant pour tout le monde et j’ai tenté de planter des petites graines de réflexions plus générales en parlant d’écologie.
Vous abordez divers thèmes très concrets : comment nettoyer son intérieur, comment cuisiner écolo, comment “se chauffer sans cramer la terre”, ou comment envisager des vacances écolo, et les vacances ça nous intéresse, c’est pour bientôt, des conseils ?
Quand j’ai commencé à faire ma transition j’étais un peu la seule dans mon groupe de potes à me poser toutes ces questions, et donc forcément est venu le moment de se dire mais comment on voyage, l’avion ou le train, comment on se loge sur place, comment on essaye de continuer à faire ses courses de manière écolo même quand on est à plusieurs. Avec toutes mes petites expériences, j’ai rédigé un condensé pour savoir comment se comporter en société quand on est écolo. Il y a aussi une partie sur les festivals, les soirées. J’ai commencé à changer ma façon de vivre alors que j’étais encore étudiante et que je faisais beaucoup la fête. Donc, j’explique aussi comment essayer d’organiser des soirées sans trop polluer.
L’avion, c’est trop polluant ?
C’est compliqué. L’avion, c’est un sujet sensible, notamment car ces dernières années il est quand même souvent plus abordable financièrement que le train. Mais c’est vrai que j’ai fait un tableau comparatif où je montre toute la pollution des différents moyens de transports. Et le train, en tout cas pour les grandes distances, reste le meilleur moyen de transport au niveau rapport vitesse et pollution. Donc l’avion, avec grande modération si possible. Et essayer d’explorer des coins beaucoup plus proches de chez nous qu’on a tendance à oublier, notamment en France où on a des choses très jolies à voir et des coins magnifiques qui restent encore trop inconnus.
Vous parlez aussi de sexualité, d'une sexualité écolo ?
Je trouve qu’on ne parle jamais de cette thématique-là, et même moi, je n’avais pas forcément conscience que c’était un aspect qui était aussi polluant. J’ai lu une étude de l’impact écologique des lubrifiants, et c’est vrai que forcément dans la plupart des lubrifiants qu’on trouve sur le marché y a beaucoup de produits chimiques donc pour son corps et sa santé, ça peut poser question et encore plus après pour la nature. Je me suis renseignée sur des techniques de lubrifications naturelles, des produits plus respectueux de l’environnement et de notre santé. Mais aussi parce que ces dernières années on a vu de plus en plus de jouets rentrer dans notre vie sexuelle mais qui sont souvent en plastique, en silicone, avec des piles, qui se recyclent très mal. Et donc il y a des entreprises européennes et françaises qui proposent maintenant des sex-toys avec des matières plus nobles, plus durables, sans mécanisme donc qui peuvent durer longtemps. Et avec des matières comme du bois, du verre, de la céramique, avec fabrication française et européenne.
Vous conseillez même des marques de sex-toys écolos ?
Je n’ai pas envie de donner les solutions sans aller jusqu’au bout, je mâche le travail à tout le monde, donc oui je donne des marques de préservatifs végan et éthiques avec des compositions “cleans” et qui polluent moins une fois qu’ils ont été utilisés. Aussi des marques de sex-toys plus recyclables, durables, avec des matériaux moins polluants. Je donne aussi des astuces pour recycler ses sex toys car il y a des love shop qui proposent de récupérer les sex toys pour ensuite les réutiliser.