L'Alsace, future référence de vin rouge

30 septembre 2022 à 12h07 - Modifié : 30 septembre 2022 à 13h44 par Sebastien Ruffet

Vin rouge Alsace
L'Alsace a tout le potentiel pour faire de beaux vins rouges
Crédit : @Top Music - SR

Les Vignerons Indépendants d'Alsace devraient s'en sortir pas trop mal en 2022, malgré une météo capricieuse. Mais déjà, la profession se projette dans les décennies à venir avec une vraie réflexion sur les cépages et les terroirs à valoriser.

Chaque chose en son temps. Si la réflexion s'engage sur l'avenir du vignoble, il est déjà temps de faire un premier bilan de ce millésime 2022. La canicule, la sécheresse, puis les orages, la grêle, tout cela faisait craindre un catastrophe pour les vignerons alsaciens, et finalement, "plus de peur que de mal", pour reprendre l'expression de Francis Backert, le président du Synvira, le syndicat des vignerons indépendants. Depuis son caveau de Dorlisheim, le viticulteur a pris la température chez ses collègues, et ce qui se dégage, c'est d'abord "l'hétérogénéité des récoltes. D'un village à l'autre, à quelques kilomètres près on peut avoir des situations très différentes, selon qu'on soit en plaine, à l'abri des forêts, sur un sol drainant... Par exemple, dans les secteurs d'Orschwihr ou Bergbieten, on fait le plein, alors que le rouge d'Ottrott a énormément souffert avec deux épisodes de grêle.

Retour à des volumes corrects

Toutefois, le niveau qualitatif semble intéressant sur tout le territoire, même si les volumes peuvent donc varier. Quand on parle quantité, début août, Francis Backert était très inquiet, et puis finalement, les pluies de fin août, et la météo clémente de septembre sont venues redonner un petit coup de boost sur la fin. "En 2021, année très difficile, on était à 795 000 hectolitres, et là on devrait être à 900 000, voire un peu plus si j'écoute les plus optimistes. Sachant que sur 12 mois glissants, à fin août, on a vendu pour 986 000 hectolitres. On tape un peu dans les stocks, mais c'est normal. On devrait revenir à l'équilibre l'an prochain, puisque la vigne a pu se régénérer sur la fin de l'été.

Si le présent et l'avenir à court terme semble serein, le changement climatique va venir bouleverser les codes. "Depuis une dizaine d'années, il y a des épisodes à répétition", glisse pour sa part le directeur du Synvira, Alain Renou. "On comprend que ce n'est plus un hasard d'avoir des millésimes précoces... Clairement , on doit s'adapter. Les pinots, blancs et particulièrement noirs sont très bien adaptés à ces conditions, ainsi qu'au goût du consommateur qui aime bien le vin rouge quand il n'est pas confituré comme dans le sud. Donc on pense que nos vignerons vont un peu développer ces cépages. Et puis on se rend compte aussi que les grands terroirs résistent mieux, et c'est beaucoup plus intéressant de parler de la richesse d'un terroir que de la simple variété d'un raisin." 

Président (au milieu): BACKERT Francis, vigneron indépendant à Dorlisheim
Vice-présidente : SCHMITT Catherine, vigneronne indépendante à Ottrott
Vice-président : BERNHARD Pierre, vigneron indépendant à Châtenois

Changer les mentalités autour du vin d'Alsace

L'Alsace va donc devoir revoir son logiciel. On va vers une fin des appellations par cépage, pour aller vers la valorisation des terroirs. Autrement dit, les viticulteurs vont davantage travailler les assemblages qui mettront en valeur un sol, une exposition, comme ça se fait dans le Bordelais par exemple. Quitte à intégrer progressivement d'autres cépages comme le viognier qui se plaît très bien sous nos latitudes. 

Francis Backert, lui, ne cache pas son attrait pour le vignoble bourguignon, dont l'alsacien pourrait se rapprocher, notamment en travaillant le pinot noir. Alsace, terre de vin rouge ? "Le pinot noir se plaît très bien en Alsace. N'oublions pas qu'il y a quelques siècles, l'Alsace produisait beaucoup de vin rouge ! Aujourd'hui, le rouge représente 10% des vins d'Alsace, on peut monter à 20, 30% sans que ce soit une remise en cause de notre tradition viticole. On peut réfléchir aussi à d'autres porte-greffe. Il y a beaucoup de réflexion, des mentalités à changer, mais la priorité, c'est de sauver notre vignoble.


Si vous êtes des amoureux du vignoble alsacien, ou que vous êtes simplement curieux : découvrez notre série de podcasts - audio et vidéo - "Une Cuvée à Zellenberg". Quatre épisodes correspondant aux quatre saisons, avec un travail qui se fait toute l'année pour nos viticulteurs.

Une Cuvée à Zellenberg