L'homme qui sublime l'Alsace de nuit

C'est un joli compte à suivre sur les réseaux sociaux. C'est aussi son business, mais Olivier Hannauer n'hésite pas à partager ses plus beaux clichés avec les Alsaciens. Depuis sept ans, il arpente les rues de Strasbourg - entre autres - la nuit, avec ses boîtiers, et donne un autre charme à ce patrimoine qu'on aime déjà. L'ancien cuisinier s'est reconverti et a cherché la bonne recette pour élaborer ses clichés : "C'est technique ! C'est le capteur de l'appareil qui va voir, pas l'oeil. Parfois on me dit que c'est trop travaillé, que c'est pas naturel. Mais c'est 90% de technique. C'est de la pause longue, et c'est là que ça absorbe en termes de lumières... Mais ce qui est en mouvement va devenir flou voire disparaître. Sur mes photos, souvent les gens sont absents, parce qu'ils passent dans l'image, et ils disparaissent."

La photo, il y est venu par hasard. Un voyage prévu. Un reflex d'entrée de gamme comme cadeau, et c'était parti. "C'est là que j'ai découvert la beauté des paysages et le travail sur la lumière. Je me suis intéressé aux techniques photo et c'est comme ça que j'ai évolué tout simplement. J'ai goûté à tous les styles, et c'est ce que je conseille. J'ai fait du sport, du mariage, du paysage, et à un moment je me suis dit 'fais ce qu'il te plait'. Et c'est vraiment cette ambiance nocturne que j'ai découvert lors de Day After, des séances de mariage de nuit, et ce côté univers urbain, nocturne, m'a beaucoup plu et c'est là que j'ai développé cette passion pour les illuminations nocturnes, pas seulement à Strasbourg."

Dans cet univers, Olivier est dans son élément. Il n'aime pas la foule, il se dit agoraphobe. Alors la solitude - ou presque - ça lui va très bien. "C'est vraiment apaisant et c'est ce que je recherche."

Un cliché iconique

Vous l'avez sans doute vu passée, et c'est peut-être sa plus grande fierté : une photo qui met côte à côte la Cathédrale de Strasbourg et le château du Haut-Koenigsbourg ! Il y a pourtant 50 km entre les deux, et beaucoup ont d'abord cru à un fake. Olivier raconte l'histoire de cette photo : "J'étais sur le toit du Parlement Européen pour un cliché de la Cathédrale, et le soir, en rentrant, personne n'avait remarqué que le château du Haut-Koenigsbourg ressortait derrière. J'y suis retourné deux jours plus tard pour refaire le cliché et l'améliorer. On est sur une distance de 50km et on a deux monuments très importants sur un seul cliché, c'est assez unique en son genre. La technique c'est de travailler avec des téléobjectifs, au 600 mm, ça va rapprocher les plans, comme quand on voit une grosse lune derrière la Tour Eiffel... Donc on a vraiment l'impression que le château est derrière la Cathédrale, ce qui n'est pas le cas."

Le château du Haut-Koenigsbourg semble tout proche, à droite

Une vision artistique, puisque la photo peut soit montrer les choses brutes, soit être une vision de photographe. Chacun a son oeil, et ça, Olivier le revendique fortement : "Le travail de la lumière, de l'urbain, c'est quelque chose d'artistique, comme ceux qui illuminent la Cathédrale, c'est un vrai travail de mise en valeur du patrimoine. La prise de vue : la lumière, la technique sera changeante devant un même monument. On est pas mal de photographes sur Strasbourg, mais on a tous notre style."

Bien installé dans cette Alsace qu'il aime tant, Olivier rêve toujours d'emmener ses appareils à New York, "une ville très lumineuse, très brillante". Plus proche de nous, il envisage aussi d'aller explorer Paris, Bordeaux ou Lyon, des "villes-lumières" comme il les appelle. En attendant, son dernier projet l'emmène dans les villages alsaciens. Encore des photos d'exception à découvrir. 

Trois expos à voir jusqu'à la fin du mois de février

> A l'UGC Ciné Strasbourg, l'expo "Sous les Flocons"

> A l'ordre des avocats, près de la place de la république, la superbe série réalisée sur les toits de la ville de Strasbourg

> A son atelier de La Chouette Photo, l'expo "Strasbourg la nuit" (20, rue Saint-Marc, en face de la caserne des pompiers, à Strasbourg)