Ni jalousie, ni suspicion : l’amour nous rend-il aveugle ?

13 octobre 2023 à 9h10 - Modifié : 13 octobre 2023 à 9h14 par Charlotte Monteil

Aurele in the city
Aurele in the city
Crédit : Anne Lienhart

Soyons pour l’occasion bien clairs. Il ne s’agit pas ici de questionnement propre à l’(in)fidélité, quoique...

Ni jalousie, ni suspicion : l’amour nous rend-il aveugle ?

A l’occasion d’une énième non présence de Monsieur Je ne sais pas, certes plus ou moins annoncée (enfin moins que plus), cependant répétitive, l’envie (presque) irrésistible de m’interroger quant à la non-véracité de ses absences mais sur une éventuelle altération de ma clairvoyance donne le rythme de la p’tite histoire du moment.

Soyons pour l’occasion bien clairs. Il ne s’agit pas ici de questionnement propre à l’(in)fidélité, quoique. En vrai, pour reprendre le langage actuel de nos ados adorés, il s’agit davantage de se demander si, par un manque flagrant de jalousie et (donc) une absence totale de suspicion, l’amour ne nous rendrait pas légèrement myope (avis aux amateurs des tubes du milieu des années 90 !) voire aveugle ?

 

Ni jalousie, ni suspicion : l’amour nous rend-il aveugle ?

A l’ombre des presque 18 années dont 4 de mariage qui font de nous un couple, entre période caniculaire et ciel orageux (au sens propre comme au sens figuré), je veux croire à une base plutôt solide. Ces deux dernières décennies ont résisté aux coups de gueule (parfois ça fait quand même du bien quand ça sort), aux épreuves familiales (la vie réserve parfois de bien vilaines surprises), à l’inévitable forme de lassitude passionnelle (on ne se marre pas tous les jours, avouez). Sentiments profondément épris (même quand il m’énerve), respect et confiance (en lui ? en moi ? les deux ?), voilà mon triptyque amoureux.

Sur le papier ça à l’air pas mal. Dans le quotidien, ça tient la route. Alors ? Alors ?

Alors, je ne peux oublier ma p’tite Mamina d’amour (ma grand-mère chérie) et ses conseils avisés :

1) C’est ou du rouge à lèvre ou du fard à paupière mais jamais les deux together ;

2) Fie-toi à ta première impression ;

3) Mais méfie-toi de l’eau qui dort !

Je dois reconnaître que cette dernière mise en garde fait souvent écho ces derniers temps à mes cauchemars… Avec cette (mauvaise ? bonne ?) habitude de ne jamais montrer le moindre effet de jalousie, d’émulation sentimentale ou tout autre signe distinctif de méfiance, suis-je ou serais-je en train de passer à côté d’une situation que je n’aurais pas vue venir ?

 

Ni jalousie, ni suspicion : l’amour nous rend-il aveugle ?

Exigence, organisation stricte, anticipation au maximum, lucidité poussée à l’extrême, voilà quelques-uns des traits qui me caractérisent. L’improvisation est un mot qui ne fait pas vraiment partie de mon vocabulaire mais j’y travaille. Les post-it composent largement une grande partie de ma décoration quand un effervescent aux vertus enivrantes et peu caloriques constitue la base du grand meuble blanc et froid installé dans la cuisine.

Perpétuellement embraquée dans le tourbillon du quotidien et rassurée par la navigation tranquille (mais ferme) de Monsieur Je ne sais pas, aurais-je manqué un épisode ? La prochaine saison est-elle en cours de tournage ? A force de ne jamais m’interroger sur ses déplacements professionnels, ses séances de sport matinales, ses sessions bureau le dimanche et ses rentrées au bercail tardives, suis-je complètement à côté de la plaque (nan mais cette expression plus utilisée depuis…) ou tout simplement tellement sûre de mes/ses sentiments ?

Sans déconner, ma presbytie avancée me ferait-elle perdre certains repères spatio-relationnels ??? Les calmes flots du capitaine réussiraient-ils à faire baisser ma vue ?

En fait, je vais arrêter là les interrogations. Jusqu’à présent, elles n’étaient pas à l’ordre du jour de mes to do quotidiennes (et sincèrement ces listes sont suffisamment interminables pour ne pas en rajouter !). Et puis, pour être complètement honnête, mon mode de fonctionnement de ces 6 570 derniers jours me convient relativement bien. Soyons cependant clairs une dernière fois (ça tombe bien, mes lunettes ne me quittent plus…). Ca me va parce que tout en me fiant à ma première impression de gentleman incarné par Monsieur Je ne sais pas, je reste vigilante et apprécie la liberté (de confiance ?) accordée l’un à l’autre. J’ai toujours prôné (n’ayons pas peur des mots) une règle : "fais en sorte que je n’apprenne jamais ce qui pourrait me blesser ".

 

Non, l’amour ne me rend pas aveugle. Ma presbytie ne m’empêche ni ressenti ni discernement. Ni émotion ni appréciation mais comme le chantait une artiste belge à la chevelure de feu : " Vingt-quatre heures dans une journée. J'ai essayé d'en rajouter. Il faut du temps pour s'aimer ".