Pas de neige au Lac Blanc : quelles conséquences ?
Publié : 12 mars 2024 à 16h46 - Modifié : 13 mars 2024 à 13h44 par Celine Rinckel
Ça ne vous aura pas échappé - skieur comme promeneur - la neige s’est faite très rare cet hiver sur le massif des Vosges. La station du Lac Blanc n’a pu ouvrir que deux jours ! Les hébergements touristiques de la vallée de Kaysersberg ont perdu 50% de leur chiffre d’affaires.
Christophe Bergamini est le directeur de l’office de tourisme de la Vallée de Kaysersberg et du Lac Blanc. Il dresse pour nous le bilan de cette saison hivernale… quasi sans neige.
Aujourd’hui c’est très compliqué. Une année qu’on peut dire de catastrophique en termes d’économie touristique. Par exemple les remontées mécaniques n’ont ouvert que deux jours. Habituellement on fait 1 million à 1,2 million de chiffre d’affaires, là on est à 4 000 euros… c’est catastrophique. -50% sur l’hébergement touristique : sur les vacances de février les gens ont annulé et la « dernière minute » n’était pas présente. Je pense aussi aux loueurs de ski, à l’école de ski français, aux restaurants de station (-50% de chiffre). Pour les loueurs de ski, on est quasiment à 0 et l’école de ski aussi.
Ça veut aussi dire des saisonniers qui n’ont pas pu travailler pendant cette période hivernale…
Des gens qui n’ont pas été embauchés, des permanents qui ont été mis au chômage technique… c’est compliqué. Et on voit que les touristes n’ont pas répondu présent. Ils n’ont pas encore changé… comme nous on essaye de réfléchir… parce que le touriste quand il vient à la montagne aujourd’hui - dans le massif des Vosges ou ailleurs - il vient pour la neige !
On est là pour faire de l’économie touristique. Le rôle de l’office de tourisme est de créer de l’économie. Par exemple, les sorties raquettes on en vend 600 sur les périodes de vacances scolaires de février habituellement. Et là, on en a vendu 50. Les gens ne sont pas prêts. Et pourtant nos accompagnateurs en montagne se sont adaptés : on faisait des cabanes dans les arbres, on allait voir les traces d’animaux, la faune et la flore. Nous on essaye, mais il va falloir vraiment que le client, que le touriste s’adapte et change aussi sa façon de penser.
On nous demande à nous, professionnels du tourisme, de nous adapter, d’être résilient, de toujours changer notre fusil d’épaule, de proposer de l’activité quatre saisons… c’est ce qu’on essaye… La preuve : le Bike Park va ouvrir le 30 mars. Mais il faut vraiment que tout le monde joue le jeu. Et aujourd’hui on voit qu’il n’y a que les acteurs économiques qui jouent le jeu. Nous, ce qu’on aimerait aussi, c’est de savoir ce que les gens ont envie de faire en montagne l’hiver. Parce que la montagne l’hiver, même sans neige, c’est super !
Est-ce que la saison d’été va pouvoir « rattraper le coup » ?
Non non ! Ce qu’il faut comprendre c’est que ce qui est perdu en hiver est perdu. Quand on entend une auberge qui perd 50% de son chiffre d’affaires en hiver, en été quand elle tourne bien elle ne peut pas doubler sa surface !
Je pense aussi aux remontées mécaniques. Aujourd’hui le Bike Park (en été) représente 35% du chiffre d’affaires. Alors même si on augmente de 5 points, on n’arrivera jamais à combler le chiffre d’affaires de l’hiver. Vous savez en hiver c’est pratiquement 3 000 journées skieurs sur un gros dimanche, alors qu’en VTT sur un gros dimanche on est à 1 000.
Il va falloir réfléchir et repenser l’économie. Si demain il n’y a plus d’hiver et donc plus de télésiège à cette période, je ne suis pas sûr qu’il fonctionnera l’été. Faire « de l’été » toute l’année, moi, je n’y crois pas. Selon les derniers rapports, dans les vingt années à venir, on pourra skier encore à condition d’avoir des usines de fabrication de neige adaptées.