Strasbourg accueille le Mondial des vins blancs
Publié : 9 juin 2022 à 13h55 par Sébastien Ruffet
Ce week-end des 11 et 12 juin, Strasbourg est le centre du monde viticole ! Les meilleurs vins blancs du monde entier sont en concurrence pour obtenir une médaille prestigieuse.
L'Alsace, terre de vin blanc, c'est connu à travers le monde entier. Il est donc logique que la région accueille le Mondial des vins blancs ! Ça se passe ce week-end au Palais des Congrès de Strasbourg, seul concours au monde uniquement dédié au vin blanc. On a rencontré Christine Collins, la directrice du Mondial, pour un petit tour du concours et du monde viticole. Un voyage sur les cinq continents, avec les vins, mais aussi les jurés venus des Etats-Unis, du Chili, d'Afrique du Sud ou encore d'Australie.
Top Music : Le fait d’être une région viticole reconnue pour ses vins blancs, c’est ce qui fait que ce concours de Strasbourg prend aussi cette ampleur et cette renommée ?
Christine Collins : En Alsace, on est la référence des grands vins blancs. Tout a commencé il y a 24 éditions, avec un concours qui s’appelait "Riesling du monde" qui était légitime dans une région comme la nôtre, mais aussi parce qu’on en trouve partout dans le monde. On a profité d’EGAST pour faire un concours comme il en existait pour les bouchers, les boulangers, les pâtissiers… Il manquait quelque chose d’absolument indispensable en Alsace, c’est un concours de vin mondial. Le temps passe, et on rajoute des cépages, pour arriver à un Mondial, un concours extrêmement prestigieux, aussi pour les autres pays, parce qu’on est une référence.
En plus de 20 ans, des pays ont-ils pris le vin blanc comme un produit de référence ?
Pour avoir vécu tout ça, oui, j’ai vraiment ressenti les efforts des pays d’Europe centrale, la Slovaquie, la République Tchèque, la Hongrie, qui sont devenus des belles références. Ils n’ont rien à envier à nos vins d’ici. On le verra cette année, ils présentent beaucoup de vins.
Ça s’explique par un climat qui correspond plus aux différents cépages du blanc ?
Ça joue aussi, forcément ! Les climats, les terroirs ressemblent beaucoup à nos climats d’Alsace. On est sur la même longueur d’ondes. Mais on a aussi les vins des Etats-Unis, des Japonais qui viennent depuis l’année dernière fortement… Des Mexicains… Des vins du Kazakhstan, du Chili, du Luxembourg… On voyage ! L’Italie vient avec des vins autochtones, des cépages inconnus pour nous mais pour eux, ça fait partie de leur terroir et de leur histoire.
On dit toujours qu’une bonne bouteille se partage avec de bons amis… C’est une philosophie que l’on retrouve dans le monde entier… ?
Ah oui, absolument ! Les jurés arrivent même ici avec leurs propres bouteilles pour faire découvrir des vins aux autres ! « Viens je te fais goûter un vin de Hongrie ! » C’est une vraie cerise sur le gâteau de les avoir à Strasbourg.
La concurrence devient donc de plus en plus rude pour les blancs d’Alsace, cela veut-il dire que nos viticulteurs doivent redoubler d’efforts pour rester au sommet ?
Je pense que c’est très intéressant. Plus vous avez de concurrence, plus vous faites d’efforts, et plus vous apprenez aussi. Ça ne sert à rien de rester dans sa vigne et de se dire qu’on a les meilleurs vins au monde. Il faut s’ouvrir au monde, aux nouvelles techniques, aux nouvelles technologies… L’émergence du vin orange aussi. Le Mondial c’est un observatoire des tendances, c’est aussi notre job.
Vous évoquez les tendances… Les vins bio, naturels, en biodynamie (etc.) : vous en voyez aussi toujours plus ?
Oui, le bio, c’est une tendance qu’on observe partout dans le monde, mais on revient juste des années en arrière à l’époque où c’était normal, comme pour les fruits ou les légumes. Je crois que chaque vigneron ressent le besoin par rapport à sa clientèle aussi. Il y a des vignerons qui sont par nature ravis de faire du bio ou de la biodynamie, mais chez le client aussi, puisqu’ils cherchent de plus en plus des produits naturels.
Autre sujet d’importance : le changement climatique. Ce sont des discussions qui animent les couloirs du Mondial ?
La réflexion se pose sur le terrain. Mais concernant le Mondial, on se rend compte que de plus en plus de vins arrivent du nord, de Belgique, de la Hollande… Ça veut dire ce que ça veut dire ! Il y a effectivement le réchauffement climatique qui entre en ligne de compte, mais on peut se dire une chose : si on a encore des nuits fraîches, le vin blanc peut être excellent. Même dans un pays chaud, si les vignes sont en montagne, les nuits sont fraîches, et ça fonctionne très bien. On le voit avec les pays montagneux comme le Mexique, le Chili ou le Kazakhstan.
Vous avez des coups de cœur à nous livrer ?
Alors il y a un vin que j’attends beaucoup : un vin du Chili dont les vignes sont dans un désert, une zone extrêmement aride et on se réjouit de le goûter pour voir quels sont les marqueurs de ce terroir. Mais des coups de cœur, on en a tout le temps, surtout au Mondial, parce que c’est la crème de la crème. Tous les vins peuvent être jugés, dégustés, mais quand vous prenez un vin, comme ça, une semaine après, vous découvrez des merveilles, des pépites. Après, je suis Alsacienne, alors les Grands Crus d’Alsace, forcément ! Mais j’ai aussi des coups de cœur aussi pour des vins de la région de Finger Lakes à New york qui font des blancs secs… Des vins d’Australie aussi… C’est une palette incroyable. Chaque vin a sa spécificité, et c’est ça le bonheur ! C’est ce qui fait que chaque vigneron a ses clients.
Les Grand Crus d'Alsace restent des références mondiales
Une nouveauté sur cette édition ?
Oui. On donne habituellement des médailles, mais pour la première fois, on donne des « Grand Or » pour des vins qui décrochent une note minimum de 93/100 ! Donc des vins parfaits quoi. Il y a 65 jurés du monde entier, ils sont sommeliers, cavistes, journalistes spécialisés… Ils sont à 7 par table pour juger un vin. On n’enlève pas les notes extrêmes, on les garde toutes, donc chaque juge est très responsable de sa note. Ça fait qu’une note extrême correspond à un consensus, que c’est un vin qui le mérite totalement.