Strasbourg s’engage pour une régulation écologique des pigeons

Les fientes et le bruit provoqués par les pigeons devenaient un véritable problème pour les habitants du quartier de l’Esplanade. « Nous avons vu qu’il y avait une grosse population de pigeons sur le quartier. C’est une problématique que l’on m’a soumise dès le début de mon mandat », constate Patrice Schoepff, conseiller municipal à l’Eurométropole et référent du quartier Esplanade. Une dizaine de résidents se sont déplacés lors de l’inauguration du pigeonnier contraceptif de l’Esplanade. Un deuxième a été installé quartier Gare et trois autres pigeonniers contraceptifs verront le jour prochainement. La Ville de Strasbourg est en pleine réflexion quant à la localisation de ces futures installations.

Réguler sans tuer

L’objectif de la Ville est de réguler la concentration excessive de pigeons, de manière écologique et surtout sans méthodes cruelles ou létales. Le coût d’un pigeonnier est d’environ 20 000 euros comprenant sa gestion d’une durée de quatre ans. « Un pigeonnier contraceptif, ce n’est pas très cher pour une ville. C’est d’ailleurs souvent beaucoup moins onéreux que les méthodes dites invasives », raconte Albin Granger, le directeur général de la société SOGEPI SERVI BOIS en charge de la gestion et de l’entretien des pigeonniers contraceptifs.

Comment ça fonctionne ?

Pour réduire le nombre de pigeons en ville, il faut réduire le nombre de naissances. « L’objectif du pigeonnier contraceptif est d’absorber les populations de pigeons en leur fournissant de l’eau, de la nourriture saine, des soins si besoin. Ensuite, nous allons stériliser des œufs, à certains moments de l’année et en fonction de la pression démographique », explique Albin Granger. La stérilisation se fait grâce à un système de pique très fin (moins de 3 mm) afin de créer une bulle d’air et donc d’arrêter le développement de l’œuf.

« Réguler sur le long terme et sans stress »

Le pigeonnier attire les pigeons se situant jusqu’à 250 mètres aux alentours de l’installation. Concernant la gestion du pigeonnier, un nettoyage se fera à chaque passage, cela représente environ 1.2 tonne de fientes récupérées par nettoyage. L’eau et la nourriture sont renouvelées. Les naissances sont répertoriées pour suivre l’évolution démographique du pigeonnier, et avec ces données l’entreprise avise s’il faut davantage réguler ou non. « On fait des calculs mathématiques pour voir si l’on doit plus ou moins réguler ou accélérer les stérilisations sur certains nids. Cela permet de ne pas avoir de perte dans le pigeonnier et ainsi réguler sur le long terme et sans stress », rappelle Albin Granger.

Des effets ressentis d’ici quelques mois

En moyenne, les pigeonniers contraceptifs réduisent de 15 % la population de pigeons sur une année et par secteur. « C’est une régulation douce. On suit le rythme naturel des pigeons. Il n’y a pas une régulation très rapide, il faut un peu de patience ! Dans les prochaines années, je ne serais pas surpris que ce pigeonnier atteigne 300 résidents », estime Albin Granger. Le chef d’entreprise travaille sur une nouvelle génération de pigeonnier, doté d’un système laser ou d’une caméra 360 degrés reliés à une application évitant de déranger les oiseaux en se rendant dans les pigeonniers. En France, 600 pigeonniers contraceptifs ont été installés et 26 à l’étranger. Les effets des pigeonniers des secteurs Gare et Esplanade devraient se ressentir d’ici à quelques mois.