"Strasbourg, une ville de plus en plus féministe"
4 février 2022 à 14h42 - Modifié : 4 février 2022 à 15h15 par Anne-Sophie Martin
L’une des priorités du mandat de la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, est d'œuvrer pour l’égalité homme-femme et de lutter contre les violences faites aux femmes. Le budget consacré à la mission “ droit des femmes ” a triplé en 2022 avec 415 000 euros. Christelle Wieder, adjointe en charge des droits des femmes nous détaille les actions concrètes qui seront menées.
Extrait de l’interview de Christelle Wieder, adjointe en charge des droits des femmes.
Présentez-nous les actions concrètes à venir de ce plan volontariste pour l’égalité homme-femme sur la ville de Strasbourg. Est-ce que Strasbourg va devenir une ville féministe ?
Strasbourg va devenir une ville encore plus féministe, parce que c’est une ville qui est engagée depuis 10 ans dans l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous travaillons pour plus d’égalité salariale en interne au sein des services de l'Eurométropole. 1,7 millions seront débloqués pour garantir cette égalité salariale entre homme et femme avec une vigilance sur l’égalité des carrières, des opportunités et des responsabilités.
Au sein de l’Eurométropole, y-a-t-il déjà beaucoup de différences de salaire entre les agents hommes et femmes ?
Oui, on peut prendre comme indicateur, les 100 salaires les plus hauts : seul un tiers de ces 100 salaires sont des salaires de femmes.
Quelles actions allez-vous mener pour remédier à ça ?
On va former les personnes qui recrutent et les managers pour encourager les femmes à prendre des postes avec plus de responsabilités. On constate aussi des inégalités entre les secteurs, comme dans la société dans son ensemble, le secteur social est moins rémunéré que le secteur sportif. Donc il faut harmoniser les différents services et leurs rémunérations.
La ville veut se montrer exemplaire en matière d’égalité des salaires hommes-femmes ?
C’est plus qu’une volonté, c’est une contrainte légale que de proposer un plan pour l’égalité. Donc nous nous devons de progresser et de rattraper le secteur privé qui a depuis plus longtemps que le service public, pris cette thématique en considération.
Mis à part les salaires, est-ce qu’il y aura d’autres actions menées pour plus d’égalité hommes-femmes ?
Nous travaillons activement avec des associations féministes qui se mobilisent chaque jour pour les droits des femmes, qui se mobilisent en soutien pour les femmes les plus vulnérables. Notamment, dans différents quartiers de Strasbourg où nous souhaitons bien sûr faire rayonner les actions pour l’égalité. C’est donc un poste important de dépenses qui va permettre de déployer des initiatives tels qu’une antenne du planning familial sur le campus de l’Esplanade, qui va permettre de renforcer les actions éducatives pour la sensibilisation à l’égalité entre les filles et les garçons. Cette antenne va également faciliter l’accès à la contraception, apporter un soutien à des groupes de parole pour les femmes victimes de violences, et le financement de postes de travailleuses sociales en soutien aux femmes victimes de violences.
L’émancipation des femmes est aussi parfois freinée par la religion, est-ce que vous abordez aussi ce sujet ?
Non, je n’ai pas ce sujet à l’esprit. Je pense qu’en qualité de puissance publique ce qu’on apporte c’est la culture, le sport, l’éducation, l’implication citoyenne des femmes qui nous tient aussi à cœur. On met également en place des garderies pour les enfants pendant les assemblées citoyennes pour permettre à toutes les femmes d'y participer. Et ce sont aussi des propositions qui permettent de faire rayonner ce grand principe républicain de l’égalité.
Vous évoquez également l'idée d’une transversalité à travers la culture ou le sport.
Oui cette question d’égalité entre les hommes et les femmes, elle est à l’esprit de tous mes collègues élus et de tous les services. Par exemple, dans le service de la culture, il y a une attention particulière qui est portée à la scène musicale féminine avec un encouragement à la création et la production sur scène d’artistes féminines. Le service des sports est aussi très engagé. C’est d’ailleurs le service pilote pour la budgétisation sensible aux genres. Il y a une réflexion sur l’égalité dans les sports qui passe par le prisme du budget. Autrement dit, est-ce que l’argent public qu’on dépense pour les activités sportives sur notre territoire sert à encourager le sport féminin et le sport masculin de la même manière ? Et comment remédier aux éventuels déséquilibres ? C’est une initiative totalement innovante pour Strasbourg qu’on espère ensuite généraliser.
En parallèle, vous menez toute une campagne pour lutter contre les violences faites aux femmes ?
Oui, en ce qui concerne les violences faites aux femmes, il y a cet événement phare qui est le colloque annuel à la fin du mois de novembre, qui réunit un millier de personnes qui a vocation de formation pour les travailleurs et les travailleuses sociales et les agents de la ville. Il s’agit également de former la police municipale. Des formations ont déjà eu lieu pour repérer et sanctionner le harcèlement sexiste et sexuel de rue. Nous renforçons également les moyens au commissariat central où il existe un point d’accueil des victimes avec des personnes spécialement formées pour recueillir la parole des femmes victimes de violences. C’est un dispositif que nous renforçons. Il y a également 74 nouvelles places pour les femmes victimes de violences qui ont été mises en place depuis le début de l’année 2021. Ces places d'hébergement sont confiées à des associations avec un suivi social de ces femmes. Dans ce domaine de lutte contre les violences faites aux femmes, on met des moyens supplémentaires importants.
Le 3919 est le numéro d'appel gratuit pour les femmes victimes de violence. Ce numéro de téléphone est accessible 24h/24.
Pour lutter contre les violences faites aux femmes, la rédaction de Top Music s'est engagée à diffuser systématiquement le numéro d'appel d'urgence 3919 Violence Femmes Info dans ses articles relatifs à ces faits.