Une plainte pour violences policières à Strasbourg
Publié : 17 septembre 2024 à 18h13 - Modifié : 18 septembre 2024 à 14h59 par Sébastien RUFFET
En mars 2023, les manifestations contre la réforme des retraites se sont parfois soldées par des affrontements avec les forces de l'ordre. A Strasbourg, six personnes ont porté plainte cette semaine. De longs mois avant de lancer la procédure, le temps, selon les avocats, de réunir des preuves.
Lorsqu'il y a des débordements en marge d'une manifestation, il est parfois délicat de démêler le vrai du faux. Lors des affrontements, il n'y a jamais les gentils d'un côté et les méchants de l'autre. Si une plainte a cette fois été déposée, c'est parce que des manifestants ont été largement aspergés de gaz lacrymogènes, alors qu'ils étaient coincés dans une ruelle, la Petite rue des Dentelles à Strasbourg, sans possibilité de s'échapper. Certains se seraient même évanouis.
L'usage des gaz lacrymogènes est en général fait lorsque les policiers veulent disperser des manifestants, les obligeant ainsi à rebrousser chemin. Dans le cas présent, les personnes visées n'avaient semble-t-il aucun échappatoire.
Les avocats en première ligne
Le cabinet d'avocats "Bourdon & Associés" souligne dans son document que "plusieurs dizaines de personnes ont été nassées, pendant plusieurs minutes, dans une petite ruelle puis abondamment gazées". Plus loin, les avocats des six plaignants estiment que "l'étroitesse des lieux, presque confinés, aurait pu avoir des conséquences totalement irréversibles".
La plainte a été déposée selon les chefs suivants :
- violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit heures
- non-assistance à personne en danger
- atteinte à la liberté individuelle
Les faits avaient été dénoncés dès le lendemain par le député LFI strasbourgeois Emmanuel Fernandes, et il avait interrogé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui lui avait répondu que les policiers faisaient sortir les personnes deux par deux après les avoir contrôlées, et qu'une cinquantaine d'éléments radicaux n'étaient pas sortis alors que les policiers le leur avaient demandé. C'est ainsi qu'une partie des manifestants s'étaient retrouvée dans cette ruelle.
"Encore une fois jeter le discrédit sur la Police Nationale !" - Sylvain André, Alliance Police Nationale 67
Contacté par nos soins, le syndicat Alliance Police Nationale 67, par l'intermédiaire de Sylvain André, se montre remonté : "Je ne savais pas qu'on allait remettre ça sur le tapis ! Ce jour-là, j'étais sur place, et on sécurisait un cortège indépendant. On rappelle qu'il s'agissait d'une manifestation non autorisée, avec des exactions commises lors d'une déambulation. On a respecté le schéma de maintien de l'ordre, avec la fameuse nasse, qui consiste à bloquer les gens dans la rue. Le gazage, c'était vis à vis de gens qui avaient commis des dégradations, mais indépendamment de cette nasse, où les gens sortaient petit à petit après contrôle des colègues. Si ça n'allait pas plus vite, c'est aussi parce qu'on est fasse à un public qui est dans la revendication et la provocation. Les collègues ont aussi pris des gaz ce soir-là, on ne maîtrise pas encore les vents dans la police ! Dans cette affaire, le parquet aurait pu s'auto-saisir, il y a des collègues qui se sont expliqués par écrit... Donc c'est pour quoi cette plainte ? Encore une fois jeter le discrédit sur la Police Nationale. Je ne les ai pas vu réagir quand on a interpellé 13 criminels chevronnés qui faisaient sauter des distributeurs de billets à Strasbourg !" Quand aux vidéos que la défense dit avoir collecter en guise de preuves, le policier strasbourgeois rappelle qu'aujourd'hui, "moi aussi je peux vous monter une vidéo qui dit que vous êtes beau et fort".
Toujours excédé, Sylvain André appelle le député LFI, à l'origine de la plainte, Emmanuel Fernandes à "s'occuper des entreprises qui ferment dans le Bas-Rhin".