Stationnement à Strasbourg : de nouvelles mesures face au mécontentement

Article réactualisé le 8 juin 2023 à 20h

Dans un communiqué publié ce jeudi soir, la ville de Strasbourg annonce le changement de zonage de couleur dans deux secteurs spécifiques : le sud de l’avenue des Vosges et le nord du Neudorf, l'expérimentation de places violettes et l'élargissement des forfaits profesionnels.

Après avoir écouté les employeurs, représentants d’ordres professionnels, syndicats et chambres consulaires, la Ville de Strasbourg a annoncé deux orientations pour compléter cette nouvelle organisation du stationnement.

Expérimentation des places violettes

Le déploiement des places violettes permettra un stationnement de courte durée (1h30 maximum) et à forte rotation à proximité immédiate des commerces et services. Ce dispositif sera expérimenté à partir de l’été et jusqu’au marché de Noël. Ces places seront accessibles pour 1 heure à 1 euro. C’est une réponse directe au besoin de certains·es clients·es d’accéder en voiture pour, par exemple, récupérer un achat volumineux.

Plus de 200 places violettes seront ainsi proposées dans le centre-ville élargi (grande île, quartier gare, Krutenau, Bourse, Vosges, etc.). Un comité de suivi auquel seront conviés·es les acteurs·rices économiques sera installé prochainement.

Élargissement des forfaits professionnels actuels et installation d’un groupe de travail pour créer un nouveau forfait professionnel

La Ville de Strasbourg a annoncé qu’un plus grand nombre d’activités économiques pourra désormais bénéficier du « forfait pro mobile » à 11 € par jour instauré en 2018. Par exemple, les activités de coiffure à domicile, de collecte de déchets spécifiques ou de fabrication de matériel dentaire sont désormais éligibles. La gratuité totale du stationnement sera elle aussi élargie pour les sages-femmes dans le cadre de leurs déplacements.

Cependant, ce dispositif ne permet pas de prendre en compte certains enjeux. C’est pourquoi, la Ville de Strasbourg a proposé la mise en place d’un groupe de travail avec les représentants·es du monde économique pour aboutir à un nouveau forfait professionnel.

Enfin, les discussions avec les employeurs publics et privés ont amené à modifier le zonage de couleur dans deux secteurs spécifiques : le sud de l’avenue des Vosges (passage de route vers orange) et le nord du Neudorf en vue de l’extension du périmètre payant (qui sera créé en zone verte).

Une délibération sera proposée au Conseil municipal du 26 juin prochain pour mettre en œuvre ces orientations.

Article actualisé le 8 juin 2023

La ville de Strasbourg commence à faire marche arrière sur les tarifs du secteur de l'avenue des Vosges.

Pierre Jakubowicz, conseiller municipal dans l'opposition, vient de publier un communiqué de presse intitulé "Stationnement : l’édifice d’une réforme injuste se fissure". On y apprend que la zone du quartier des Vosges, passée en zone rouge le 3 avril dernier, devrait repasser en zone orange. Pour justifier sa décision, la municipalité avance que c'est "l'absence de places de stationnement en ouvrage dans ce secteur" (parking couvert) qui a précipité cette décision. Cette proposition sera soumise au débat lors du prochain conseil municipal le 26 juin prochain.

Pierre Jakubowicz a réagi sur cette décision de la ville de Strasbourg au micro d'Anne-Sophie Martin : "il y a un premier changement de zone, c'est bien le signe que la mobilisation porte ses fruits (...) en quelques semaines cette réforme a déjà provoqué des effets délétères sur l'activité économique avec des pertes importantes de chiffres d'affaires. Avec cette modification, la ville montre bien qu'elle n'avait pas travaillé son sujet, qu'il n'y avait pas d'étude d'impact, son seul enjeu était de rentrer un maximum d'argent dans les caisses."

L'élu attend également une réponse concernant le recours qu'il a déposé devant le tribunal administratif. 

__________________________

Article du 7 juin 2023

Depuis la mise en place de la nouvelle politique tarifaire du stationnement à Strasbourg, les mouvements d’opposition se succèdent. Mouvement de contestation et lancement d’une pétition par le groupe d’opposition LR, recours déposé devant le tribunal administratif, opération spéciale de commerçants, manifestation devant la préfecture.. l’actualité strasbourgeoise s’est cristallisée autour de la question du stationnement ces deux derniers mois.

"On a de fortes inquiétudes au sujet de nos clients"

Parmi les plus impactés par cette réforme, les commerçants apparaissent en première ligne. Beaucoup d’entre eux se plaignent d’une réforme qui éloignerait inévitablement leur clientèle du centre-ville de Strasbourg. Eric est le gérant du salon de coiffure « Un temps pour l’Homme » à la Krutenau, et est un élu de la Chambre des métiers à Schiltigheim. Depuis l’instauration de cette réforme, il se bat pour un retour en arrière sur cette question des prix. « On se mobilise avec les artisans et les commerçants pour voir ce qui peut être fait à ce sujet. On a de fortes inquiétudes au sujet de nos clients qui risquent de ne pas revenir ou d’aller ailleurs », lance-t-il.

C’est tout l’ensemble des commerçants qui se mobilise, jusque dans ses plus hautes instances. Dans un post Facebook, le 6 juin, Jean-Luc Hoffman, président de la Chambre des métiers d’Alsace s’insurge contre ces changements : « nos collègues artisans du centre-ville de Strasbourg, sont très inquiets. Ils constatent de jour en jour la baisse de clientèle due à l’augmentation du prix du stationnement à Strasbourg ». 

L’élu déplore aussi l’inaction de la municipalité : « j’ai alerté à plusieurs reprises Madame la Maire de Strasbourg sur les conséquences désastreuses de cette brutale politique tarifaire qui pèsent sur nos entreprises locales. Hier, après deux heures de réunion, force est de constater que les propositions que nous avons faites qui allient économie et écologie n’ont pas été entendues. »

200 euros de stationnement par mois pour certains employés

Même constat du côté de la clinique de l’Orangerie. Le 30 mai, les employés de cet hôpital privé ont déployé une banderole sur les murs de leurs locaux. Aurélie Martin-Faber, infirmière de la clinique, publie la photo de cette toile sur son compte Facebook. « Plus de 200 euros de frais de stationnement pour pouvoir venir travailler et prendre en soins nos concitoyens, vous trouvez ça juste ? ».

Dans une réponse partagée elle aussi sur le réseau social, Marc Hoffsess, adjoint à la maire en charge de la transformation écologique du territoire, réagi ironiquement à cette image. 

Une réponse jugée inappropriée par Aurélie. Malgré une tentative de se passer de sa voiture, l’offre de transport en commun est insuffisante pour elle qui habite à 25 kilomètres de son lieu de travail. Les employés bénéficient d’ailleurs du soutien de leur direction qui cherche actuellement une solution. Elle fait pour le moment face à une absence de réponse de la mairie. 

Des combines pour économiser

Pour l’heure, les employés de la clinique de l’Orangerie se débrouillent par leurs propres moyens. Pour s’épargner 35 euros de stationnement par jour en zone orange, certains d’entre eux combinent leurs règlements en passant par deux applications différentes, Flowbird et EasyPark. Bénéfice de l’opération : « 20 euros d’économie », pour Aurélie. Système D.

On en parle aussi en ce moment :

Strasbourg : la programmation estivale dévoilée

Le premier « Col’Attitude 2023 » a lieu au Lac Blanc

Energies renouvelables : France Solar en plein développement à Brumath